Dans l’inconscient collectif, la question revient sans cesse : que fait la police ? Pourtant, policiers et gendarmes œuvrent sans relâche pour contenir des délits et des crimes de plus en plus violents. Ce combat, devenu déséquilibré, ressemble désormais à une lutte sans fin contre des incendies hors de contrôle.
Face à une violence qui se répand comme une traînée de poudre, il ne faut pas se bercer d’illusions : il n’existe pas de solution miracle. Mais il existe une recette éprouvée, dont les ingrédients sont connus : stratégie, effectifs, moyens matériels, quadrillage du territoire, justice ferme et dispositifs de réhabilitation sérieux. Tant que ces éléments ne seront pas réunis de manière cohérente, les drames continueront de se multiplier.
Des victimes collatérales tomberont sous les balles de trafiquants. Des jeunes filles continueront à être agressées dans l’espace public. Des citoyens, coupables d’un simple regard, continueront d’être passés à tabac.
La montée de la violence n’est pas un accident de l’histoire, mais la conséquence directe d’une perte de contrôle institutionnelle. Elle est le fruit amer de décisions politiques successives, de coupes budgétaires injustifiables, d’une gestion sécuritaire fondée sur des tableurs Excel et d’une déconnexion brutale d’avec la réalité du terrain.
Elle est aussi le produit d’une politisation malsaine de la sécurité, devenue objet de conquête électorale plutôt que priorité nationale.
La CRS8, le RAID, le GIGN ou la BRI incarnent l’élite de nos forces de sécurité. Mais ces unités d’intervention, aussi performantes soient-elles, ne peuvent à elles seules réparer les fractures profondes qui gangrènent nos quartiers et nos villes.
C’est une erreur majeure de croire que quelques opérations coups de poing suffiront à restaurer l’ordre républicain. Ce n’est pas en agissant uniquement sur les conséquences que l’on tarira les causes de la violence.
La réponse doit être globale. Éducation, Intérieur, Justice, Finances : tous les ministères doivent agir de concert. L’absence de coordination, l’absence de vision à long terme, l’absence de courage politique sont autant de freins à toute amélioration durable.
Nous n’inverserons pas la tendance sans une véritable stratégie de « destruction créatrice » : démolir ce qui ne fonctionne plus pour reconstruire un modèle de protection adapté à notre époque.
Cela fait trop longtemps que nous courons après le train de l’insécurité. Sans une révolution stratégique, économique et judiciaire, nous continuerons encore longtemps à courir… en vain.