Né dans la violence et forgé par la guerre, le Hezbollah s’est imposé en quatre décennies comme un acteur militaire, politique et social incontournable du Liban. Encensé par ses partisans, dénoncé par ses opposants, le mouvement chiite reste aujourd’hui au cœur de la polarisation régionale, notamment face à Israël.
Le Hezbollah, ou « Parti de Dieu », voit le jour en 1982, en pleine invasion israélienne du Liban. Fondé par plusieurs figures religieuses chiites – dont Abbas Moussaoui, Hussein al-Moussawi et le cheikh Subhi al-Tufayli – le mouvement bénéficie dès ses débuts d’un fort soutien iranien, tant idéologique que logistique.
Son objectif initial est clair : organiser la résistance à l’occupation israélienne du Sud-Liban et promouvoir les valeurs chiites inspirées de la révolution islamique iranienne. Très vite, le Hezbollah s’impose comme la nouvelle force armée et spirituelle de la communauté chiite libanaise.
Dans les années 1980, le Hezbollah se fait connaître par des attaques-suicides ciblant les forces israéliennes et les contingents occidentaux. Son efficacité militaire et son ancrage social en font un acteur de plus en plus redouté.
En mai 2000, l’armée israélienne se retire du Sud-Liban sous la pression de la guérilla menée par le Hezbollah. L’organisation célèbre cette victoire comme un tournant historique. En 2006, le conflit de 34 jours avec Israël – déclenché par l’enlèvement de deux soldats israéliens – renforce son image de résistance face à une armée conventionnelle.
Depuis octobre 2023, les tensions entre le Hezbollah et Israël ont repris avec intensité. Des échanges de tirs, frappes ciblées et escarmouches se multiplient le long de la frontière sud du Liban.
Le mouvement justifie son implication par sa solidarité avec les Palestiniens, dans le sillage des événements dramatiques survenus en octobre 2023. Cette posture s’inscrit dans sa stratégie historique de soutien à la cause palestinienne, tout en amplifiant sa visibilité régionale.
Au-delà de son bras armé, le Hezbollah développe depuis les années 1990 un véritable État parallèle. Il gère des écoles, hôpitaux, centres culturels et ONG dans les régions chiites du Liban, répondant ainsi à des besoins délaissés par l’État central.
Politiquement, il participe aux institutions libanaises, détient des sièges au Parlement et influence de nombreuses décisions gouvernementales. Cette double casquette – militaire et institutionnelle – renforce sa légitimité auprès d’une large partie de la population chiite.
Le Hezbollah tire une grande partie de ses ressources de l’Iran, principal bailleur de fonds du mouvement. L’appui syrien reste important, bien que plus discret.
Le financement repose aussi sur la diaspora chiite, notamment à travers des dons privés. Des accusations récurrentes font également état d’un recours à des réseaux criminels transnationaux, comme le trafic de drogue ou le blanchiment d’argent, ce que le Hezbollah dément.
Le Hezbollah est inscrit sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis, le Canada, l’Union européenne et plusieurs pays arabes. Ses activités militaires hors du Liban, notamment en Syrie aux côtés du régime de Bachar al-Assad, nourrissent les critiques internationales.
Ses partisans, en revanche, le considèrent comme un rempart face à Israël, un défenseur des opprimés et un pilier de la dignité chiite au Moyen-Orient. Ce clivage rend toute lecture univoque du Hezbollah impossible.