Depuis plusieurs mois maintenant, le terme de « radicalisation » inonde notre quotidien, terme bien souvent associé au terrorisme djihadiste.

La définition du dictionnaire Larousse du verbe transitif « radicaliser » est la suivante : « Rendre un groupe, son action, plus intransigeants, plus durs, en particulier en matière politique ou sociale : En déclenchant la grève, le syndicat radicalise ses revendications. »

Par analogie avec les syndicats, toute personne ou groupe qui se radicalise ne bascule pas forcément dans la violence. C’est pourquoi, il est tout d’abord nécessaire lorsque l’on parle de radicalisation de faire une distinction entre la radicalisation violente et la radicalisation non violente.

Les formes de radicalisation

De grands hommes tels que Martin Luther King, Nelson Mandela ou bien encore Gandhi se sont, à un moment de leur existence, radicalisés sans violence. A contrario, d’autres personnalités, telles qu’Adolf Hitler ou bien encore Joseph Staline pour ne citer qu’eux, ont fait le choix inverse : après s’être radicalisés, ceux-ci ont sombré dans une violence extrême.

Il est donc nécessaire de distinguer 2 formes de radicalisation : la radicalisation non violente et la radicalisation violente.

La première forme de radicalisation, la radicalisation non violente, concerne par exemple des hommes politiques qui radicalisent leurs discours, ou des syndicats qui durcissent leurs actions en faisant grève pacifiquement, ou encore des hommes et des femmes qui radicalisent leur attitude en devenant intransigeants face à telle situation ou à telle autre. Dans ce cas précis, aucune de ces personnes ne souhaite alors mener d’actions violentes pouvant entraîner le décès de leurs opposants, et cela même si certains mots ou postures peuvent être très violents.

De son côté, la radicalisation violente est généralement le fait de groupes politiques d’extrême-droite ou d’extrême-gauche, de groupes religieux de toute confession, ou encore de personnes ou groupes agissant pour des causes uniques telles que les anti-avortements, les homophobes, les autonomistes ou bien encore les tueurs de masse, etc. Pour ces personnes radicalisées, la violence est devenue l’instrument de leur idéologie, de leur croyance.

Le long processus de radicalisation

Quel que soit le profil de la personne qui se radicalise, le processus de radicalisation est toujours composé de plusieurs étapes.

Tout d’abord, il y a le basculement. L’enracinement dans la radicalisation est un nouveau regard sur une situation donnée, empreint de paranoïa, de frustration, de conspiration ou bien encore d’égocentrisme… Avec ou non le concours de tiers, la personne qui se radicalise pense alors détenir la vérité.

De facto, les personnes qui se radicalisent voient leur discours s’endurcir. Elles finissent alors par se couper tout naturellement des autres qui ne tiennent pas des positions comparables aux leurs.

Dans les faits, certaines personnes qui se radicalisent ne seront parfois pas « détectables », car elles prendront grand soin de dissimuler leur nouvelle vision pour ne pas attirer l’attention.

Pour certaines de ces personnes radicalisées, arrive ensuite l’idée que les mots ne changeront rien et que seule la violence peut faire évoluer les choses. Si ce n’est déjà le cas, ces personnes radicalisées se mettront à faire des sports de combat à outrance, se procureront des armes blanches ou chercheront à acquérir des armes à feu. Elles s’immergeront également dans la violence au travers de vidéos ou tout autre type de communication. De même, elles chercheront la proximité avec des personnes partageant une même approche.

Enfin, il y a le saut dans l’action violente/terroriste. Selon la cause objet de leur radicalisation, les auteurs de ces actes auront la volonté de s’attaquer uniquement à des biens matériels, ou encore à des êtres humains. Dans ce dernier cas, ils pourront cibler particulièrement certaines personnes (policiers, militaires, politiques, etc.) ou frapper de manière totalement aveugle. Le Chaos devient alors leur mode d’expression.

Tout en haut de la pyramide, les stratèges terroristes souhaitent que les réactions des politiques soient les plus violentes et stigmatisantes possible. Le but d’une telle stratégie ? Rallier à leur cause des personnes qui, sinon, n’auraient pas adhéré à leur mode d’action.

Le radicalisme n’est pas synonyme de terrorisme

La radicalisation n’est qu’une étape dans un cheminement personnel qui empruntera ou non la voie de la violence.

Sur le plan de la prévention, la lutte contre toutes les formes de radicalisation ne peut être que l’éducation. C’est bel et bien l’ignorance et le manque de vision globale qui mènent généralement des personnes à se radicaliser.

Concernant les personnes radicalisées qui choisissent la violence, la seule réponse ne peut être que la répression, puis l’éducation.

Fort heureusement, tous les catholiques, les juifs, les musulmans qui se radicalisent ne deviendront pas des terroristes.

Fort heureusement, tous les syndicalistes qui se radicalisent ne deviendront pas des casseurs ou des terroristes.

Fort heureusement, les anti-avortement, les écologistes, les anticapitalistes ne deviendront pas des tueurs de masse…

Le radicalisme est un cancer dont la progression peut être rapide ou très lente. Plus cette progression est lente, et qui plus est « sournoise », plus le déracinement sera difficile.