Comment des êtres humains basculent-ils dans un terrorisme aussi aveugle que démentiel ? À cette question, il n’existe aucune réponse véritablement rationnelle. Le passage à l’acte terroriste, par nature profondément irrationnel, repose sur une mécanique redoutablement efficace et complexe.

L’irrationnel au cœur du passage à l’acte

S’il est exact que nombre d’acteurs terroristes présentent des fragilités psychologiques, beaucoup d’entre eux ne relèvent d’aucune pathologie clinique. Le point commun à la majorité de ces profils réside ailleurs : dans un lent processus d’endoctrinement, orchestré par des prédicateurs ou par une auto-radicalisation fulgurante sur internet.

À titre d’exemple, Christophe Caze, fondateur du tristement célèbre gang de Roubaix, fut élevé dans une famille catholique et poursuivait des études de médecine avant de sombrer dans l’islam fondamentaliste.
Les profils des terroristes ne se limitent donc pas à l’image du « délinquant idiot » : certains sont cultivés, diplômés, mais profondément dévoyés.

Une pyramide de la haine structurée

Le terrorisme suit une logique pyramidale en trois niveaux :

  • Le sommet : les prédicateurs, interprètes autoproclamés de textes religieux, insufflent la haine sans jamais se salir les mains.
  • Le second niveau : les propagandistes, experts en embrigadement, galvanisent les esprits faibles et les accompagnent dans leur radicalisation.
  • La base : une cohorte d’individus fragiles, en quête de sens ou de reconnaissance, prêts à commettre l’irréparable pour marquer leur passage sur terre.

Dans les faits, très peu d’auteurs d’attentats islamistes possèdent une réelle connaissance du Coran. Le processus de radicalisation repose davantage sur des slogans simplistes et une manipulation émotionnelle que sur une réflexion religieuse structurée.

Le mirage de la réinsertion

Les perspectives de déradicalisation de ces individus restent extrêmement faibles.
En détention, beaucoup adoptent la taqîya – une stratégie de dissimulation – pour tromper les autorités. Sous une apparence de rédemption, ils n’attendent souvent que le jour de leur libération pour replonger.

Cette réalité souligne la difficulté extrême pour les administrations pénitentiaires et judiciaires de détecter les profils véritablement repentis.

Vers une nouvelle vague terroriste ?

Après le traumatisme du 11 septembre 2001, le monde a découvert une nouvelle forme de terrorisme, plus diffus, plus individualisé.
Aujourd’hui, avec le pogrom du 7 octobre 2023 en Israël, une nouvelle mutation semble s’annoncer.
La radicalisation pourrait s’intensifier, portée par des logiques de revanche et des mécaniques de haine encore plus virulentes.