Le 8 décembre 2024, le régime de Bachar al-Assad s’effondrait, mettant un terme à plus d’un demi-siècle de pouvoir absolu. Une date historique pour un pays profondément meurtri, qui bascule à nouveau dans l’inconnu.
Retour sur les fondations, les fractures et les failles d’un pouvoir autoritaire devenu insoutenable.

Hafez al-Assad : l’architecte d’un régime de fer

En 1970, Hafez al-Assad prend le pouvoir par un coup d’État baptisé “Mouvement Correctif”. Il impose rapidement un régime centralisé, solidement arrimé au Parti Baas et verrouillé par des services de renseignement omniprésents.

Son règne est marqué par une brutalité assumée. Le massacre de Hama en 1982, où des milliers de civils périssent pour écraser une rébellion islamiste, reste une cicatrice profonde dans la mémoire collective syrienne.

Malgré cela, Hafez al-Assad parvient à maintenir un fragile équilibre confessionnel et ethnique, souvent au prix de la terreur. Il prépare activement sa succession, misant sur son fils aîné, Bassel, pour reprendre le flambeau.

Bassel al-Assad : le successeur perdu

Charismatique, militaire de carrière, Bassel al-Assad incarne la continuité autoritaire sous une forme modernisée. Il bénéficie d’un soutien populaire réel et d’une préparation minutieuse à l’exercice du pouvoir.

Mais tout bascule le 21 janvier 1994, lorsque Bassel meurt tragiquement dans un accident de voiture à Damas. Hafez se tourne alors vers son fils cadet, Bachar, jusque-là ophtalmologue discret formé à Londres.

Bachar al-Assad : l’illusion réformatrice

À la mort de Hafez en 2000, Bachar hérite du pouvoir, porté par un vent d’espoir. Le “Printemps de Damas” semble annoncer un changement. Mais cet élan s’essouffle vite. Les réformes promises font place à un retour aux méthodes autoritaires.

Avec les révolutions arabes de 2011, la rue syrienne se soulève. Bachar choisit la répression. La contestation se transforme en guerre civile, attirant djihadistes, puissances étrangères et factions armées.

Pendant plus de dix ans, le régime se maintient grâce à l’aide militaire de la Russie et de l’Iran, mais à un coût humain et économique catastrophique.

Le 8 décembre 2024 : la chute du régime

Le pouvoir s’effondre brutalement. Plusieurs facteurs ont convergé :

  • Une économie en ruine, étranglée par les sanctions et la corruption.
  • Une armée fracturée, minée par les désertions et les tensions internes.
  • Un soulèvement populaire inédit, dénonçant à la fois le régime et l’influence étrangère.

Sous la pression d’une coalition de factions dissidentes, Bachar al-Assad abandonne précipitamment Damas.
Le clan au pouvoir depuis 1970 s’efface, laissant un vide aussi immense que dangereux.

Un pays au bord de la recomposition

Cette chute ouvre un champ des possibles. Mais l’ampleur des défis est immense :

  • Reconstruire un pays détruit
  • Réconcilier une société fracturée
  • Inventer un avenir politique plus représentatif

Pour la jeunesse syrienne, privée d’avenir depuis trop longtemps, la fin du régime pourrait marquer le début d’une reconstruction politique et morale.
Mais les risques sont nombreux : guerre de succession, instrumentalisation par des puissances étrangères, reprise des affrontements communautaires.