Selon des rumeurs persistantes, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) aurait récemment « briefé » Gérald Darmanin sur les risques encourus à maintenir la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques sur la Seine. La DGSI aurait aussi vivement encouragé le ministre de l’Intérieur à activer le plan B pour cette cérémonie.

Face à une telle situation, deux camps s’affrontent : ceux qui insistent pour maintenir la cérémonie et ceux qui la trouvent totalement aberrante en l’état actuel de la menace terroriste.

Dans ce contexte, il ne s’agit pas de discuter de la grandeur de la France ou du courage face à la peur. Un tel événement ne peut être évalué qu’en déterminant si le risque identifié est acceptable ou non.

Pour cela, il est primordial d’effectuer une analyse des risques afin de déterminer la criticité des risques identifiés. Prenons par conséquent, le risque terroriste lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, étant entendu qu’il y de nombreux autres risques en lien direct (conséquences géopolitiques, plaintes judiciaires, etc.)

Les composantes sont donc les suivantes :

– Échelle de la matrice de risque : 16
– Probabilité du risque identifié : Forte (3)
– Gravité en cas de matérialisation du risque : Catastrophique (4)
– Niveau de criticité :  probabilité X gravité = 12

Un niveau de criticité de 12 est élevé, mais pas incontrôlable, étant donné que des moyens humains et technologiques exceptionnels seront déployés.

Cependant, la décision de maintenir ou non la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques sur la Seine va bien au-delà d’une simple analyse de risques.

Certes, un tel événement serait grandiose et contribuerait à la renommée de la France. Nous avons d’excellents policiers, gendarmes, et des unités d’intervention telles que le GIGN, le RAID, et la BRI BAC que nombre de pays nous envient, ainsi que des militaires au professionnalisme et savoir-faire plus que reconnus. Mais, hélas, ces femmes et hommes ne sont pas des magiciens.

S’il y avait une once de magie en matière de lutte anti-terroriste, les attaques surréalistes du 11 septembre 2001, du 11 mars 2004 à Madrid, ou du 13 novembre 2015 à Paris, parmi tant d’autres dans le monde, n’auraient pas eu lieu.

Évaluer un tel risque est avant tout une question de gravité, car il sera toujours impossible d’affirmer avec certitude qu’une attaque terroriste aura lieu. Si cela était le cas, il n’y aurait pas de débat.

Le seul point qui soit certain est que la matérialisation d’une attaque terroriste, quelle que soit son intensité, durant l’ouverture des Jeux Olympiques serait catastrophique à plusieurs égards : pour les victimes, pour l’image de la France, pour les autorités publiques, etc.

Alors, oui, le risque zéro n’existe pas, et je soutiens bien volontiers ceux qui prennent des risques quotidiennement. Cependant, tous les alpinistes chevronnés et leurs sherpas savent quand ne pas s’attaquer à l’Everest.