En moins de deux décennies, le Cartel Jalisco Nouvelle Génération (CJNG) s’est imposé comme l’un des groupes criminels les plus puissants et les plus violents du Mexique. Héritier d’un héritage sanglant, il incarne une nouvelle forme de criminalité organisée : plus rapide, plus militarisée et sans scrupule face à l’escalade de la terreur.

Aux origines d’une rupture stratégique

Le CJNG naît officiellement au début des années 2010, dans le sillage de l’effondrement du Cartel de Sinaloa dans certaines régions du Mexique. Fondé par Nemesio Oseguera Cervantes, surnommé « El Mencho », ancien policier devenu baron de la drogue, le groupe entend rompre avec les méthodes traditionnelles du trafic.

Sa stratégie est immédiate : conquérir rapidement de vastes territoires par la force, briser toute concurrence locale et instaurer un contrôle militaire des routes stratégiques de la drogue. L’ambition n’est plus seulement d’exploiter les marchés existants, mais de les dominer entièrement.

Une militarisation inédite du crime organisé

L’une des marques distinctives du CJNG est son professionnalisme militaire. Ses commandos, lourdement armés, disposent d’armes de guerre, de véhicules blindés artisanaux et d’une discipline héritée des forces spéciales.

Chaque opération ressemble davantage à une action militaire qu’à un affrontement de rue. Embuscades contre l’armée, prises de villes entières, attaques spectaculaires contre les forces de sécurité : la démonstration de force est une composante essentielle de sa stratégie de communication et de terreur.

Une expansion implacable au Mexique et au-delà

Le CJNG contrôle aujourd’hui des pans entiers du territoire mexicain, notamment dans les États stratégiques de Jalisco, Colima, Michoacán et Veracruz. Mais ses ambitions dépassent les frontières nationales.

Le cartel développe ses réseaux en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et même en Europe. Trafic de méthamphétamines, d’héroïne, de fentanyl : son empreinte sur les marchés internationaux ne cesse de croître, soutenue par des réseaux financiers sophistiqués et une corruption méthodique des institutions locales.

Un défi sécuritaire majeur pour l’État mexicain

Le CJNG ne se contente pas d’affronter d’autres cartels. Il défie ouvertement l’État mexicain. Tentatives d’assassinat contre des responsables gouvernementaux, attaques contre des forces militaires, intimidations médiatiques : le cartel cherche à imposer sa loi dans un climat de peur généralisée.

Malgré les efforts intensifs des autorités pour capturer « El Mencho » et démanteler ses réseaux, le CJNG demeure extrêmement résilient. Sa structure décentralisée, son financement abondant et son enracinement dans certaines communautés locales en font un adversaire redoutable et durable.