Né dans la pauvreté et la marginalisation du nord du Nigeria, Boko Haram est devenu en quelques années l’une des organisations terroristes les plus meurtrières au monde. À travers une violence extrême et une idéologie fanatique, il a redessiné le visage de l’insécurité en Afrique de l’Ouest.

Aux origines d’une radicalisation sociale et religieuse

Boko Haram émerge au début des années 2000, sous l’impulsion de Mohamed Yusuf, un prédicateur rigoriste prônant le rejet total de l’éducation occidentale et la mise en place d’une société fondée sur une interprétation radicale de la charia.

La dégradation des conditions de vie, le chômage de masse, la corruption étatique et l’abandon du nord du Nigeria offrent à Boko Haram un terreau fertile pour recruter parmi les populations désespérées. Très vite, le mouvement glisse de la prédication à la lutte armée.

Une stratégie de la terreur absolue

Après l’exécution de Mohamed Yusuf par les forces nigérianes en 2009, Boko Haram se radicalise encore davantage sous la direction d’Abubakar Shekau. Attentats-suicides, enlèvements massifs, massacres de civils, destruction de villages : le groupe adopte une stratégie de terreur systématique.

Le rapt des 276 lycéennes de Chibok en 2014 suscite une indignation mondiale, révélant la brutalité et le cynisme de l’organisation, qui instrumentalise la peur comme moyen de domination politique et sociale.

Une expansion régionale inquiétante

Si Boko Haram s’enracine au Nigeria, il étend rapidement son influence aux pays voisins : Cameroun, Tchad, Niger. Sa connaissance du terrain, son usage de la guérilla et sa capacité à exploiter les frontières poreuses du Sahel renforcent son emprise.

En 2015, Boko Haram prête allégeance à l’État islamique, devenant la Province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Cette affiliation ne marque pas une disparition, mais une mutation : scission interne, montée en professionnalisme militaire, diversification des modes d’action.

Une menace persistante malgré les offensives militaires

Les efforts militaires conjoints de plusieurs pays et l’appui international ont permis de réduire certaines capacités opérationnelles de Boko Haram. Cependant, le groupe conserve une redoutable capacité de nuisance.

Il s’appuie sur l’instabilité chronique de la région, la faiblesse des infrastructures étatiques et les tensions communautaires pour se régénérer. La lutte contre Boko Haram nécessite ainsi plus qu’une réponse militaire : elle impose une refondation politique, économique et sociale durable.