Dans les terres déchirées de la Corne de l’Afrique, Al-Shabaab s’impose comme l’un des mouvements djihadistes les plus résilients du continent. Par une stratégie de terreur méthodique et une capacité d’adaptation remarquable, l’organisation continue d’étendre son influence bien au-delà des frontières somaliennes.
Al-Shabaab émerge au milieu des années 2000 comme une faction radicale de l’Union des tribunaux islamiques, mouvement éphémère ayant brièvement pris le contrôle de Mogadiscio. Après l’intervention militaire éthiopienne en 2006, Al-Shabaab se radicalise, adoptant une interprétation extrême de l’islam et une stratégie d’insurrection permanente.
Profitant de l’effondrement des institutions somaliennes, le groupe recrute massivement, en particulier parmi les jeunes marginalisés, en promettant ordre, justice islamique et résistance face aux ingérences étrangères.
Al-Shabaab ne se limite pas aux attaques spectaculaires. Dans de nombreuses régions rurales de Somalie, le groupe met en place une véritable administration parallèle : collecte d’impôts, tribunaux islamiques, contrôle du commerce.
Sa stratégie mêle terreur et pragmatisme. Attentats-suicides, enlèvements, assassinats ciblés contre les représentants de l’État et les humanitaires servent à entretenir un climat d’insécurité permanent, tout en consolidant son emprise sur les territoires abandonnés par le pouvoir central.
Au-delà de la Somalie, Al-Shabaab a démontré sa capacité à frapper durement ses voisins. L’attaque du centre commercial Westgate à Nairobi en 2013 et celle de l’université de Garissa en 2015 témoignent de son ambition régionale.
Le groupe entretient des liens idéologiques et opérationnels avec Al-Qaïda, dont il a officiellement rejoint la nébuleuse en 2012. Cette affiliation renforce sa stature sur la scène du djihadisme mondial, tout en lui assurant un soutien logistique et financier extérieur.
Malgré la perte de plusieurs bastions urbains face aux forces somaliennes soutenues par l’Union africaine, Al-Shabaab conserve une capacité impressionnante à se régénérer. Attentats réguliers à Mogadiscio, embuscades en zones rurales, infiltration des administrations locales : le groupe s’adapte aux évolutions du champ de bataille.
Sa survie repose sur une profonde connaissance du terrain, une discipline interne stricte et l’exploitation systématique des divisions ethniques, politiques et économiques de la région.