Dans la France agitée des années 1980, Action Directe s’est imposée comme le visage radical d’une lutte armée d’extrême gauche. Par la violence ciblée et une idéologie intransigeante, le groupe a marqué une décennie par ses actions spectaculaires et son rejet absolu de l’ordre établi.

Une naissance au croisement des luttes sociales et révolutionnaires

Action Directe est fondée en 1979 par la convergence de militants issus de différents courants gauchistes radicaux. Inspiré par les Brigades rouges italiennes et la Fraction armée rouge allemande, le groupe revendique la lutte contre l’impérialisme, le capitalisme et l’État français, considéré comme complice des oppressions mondiales.

Son mode opératoire s’inscrit d’emblée dans l’illégalité : expropriations de banques, attentats à l’explosif contre des institutions publiques et des entreprises symboliques du pouvoir économique et militaire.

Une montée progressive vers la violence politique

Au fil des années, Action Directe radicalise son action. Les opérations symboliques laissent place à une violence ciblée de plus en plus létale. En 1985, le groupe fusionne avec les Cellules communistes combattantes belges, renforçant son projet révolutionnaire armé.

C’est dans ce contexte que l’organisation commet ses attentats les plus marquants, culminant avec l’assassinat de Georges Besse, PDG de Renault, en novembre 1986. Cet acte revendiqué comme une « exécution politique » provoque une onde de choc dans tout le pays.

Une organisation éclatée mais disciplinée

Action Directe repose sur de petites cellules autonomes, où la clandestinité et la discipline idéologique sont absolues. Les membres vivent dans la précarité, se formant eux-mêmes à la manipulation d’armes et d’explosifs, et pratiquant une coupure totale avec la société civile.

Ce mode d’organisation leur permet de résister plusieurs années à la traque policière, tout en menant des opérations coordonnées sur l’ensemble du territoire national.

Une dissolution brutale mais un héritage persistant

En 1987, l’arrestation des principaux dirigeants marque la fin opérationnelle d’Action Directe. Jugés puis condamnés à de lourdes peines de prison, ses membres continuent d’incarner, pour certains cercles radicaux, le mythe d’une lutte armée contre l’État bourgeois.

Si Action Directe n’a jamais représenté un mouvement de masse, son existence souligne les tensions profondes d’une époque marquée par la crise économique, la montée de l’autoritarisme et la défiance envers les institutions.

Son souvenir hante encore les débats contemporains sur les limites de la contestation politique et la dérive vers l’ultraviolence.