Trois jeunes femmes, 18, 19 et 21 ans, ont été mises en examen pour association de malfaiteurs terroriste. La cible envisagée était un bar ou une salle de concert à Paris. Le Parquet national antiterroriste a révélé l’affaire ces derniers jours. La menace a changé de visage. Elle est désormais plus endogène qu’exogène, et son intensité reste élevée en France.
Un projet déjoué, une question ouverte
Le Parquet national antiterroriste a ouvert une information judiciaire le 10 octobre après l’interpellation des trois suspectes qui ont été placées en détention provisoire. D’après les premiers éléments, la DGSI les a repérées rapidement sur les réseaux sociaux du fait de leur manque de discrétion. Si, ces jeunes femmes ont fait preuve d’un amateurisme certain, il n’en reste pas moins vrai que leur détermination à frapper la France était bien réelle.
La question qui reste en suspens est de savoir combien de personnes, beaucoup plus discrètes, fomentent secrètement ce type d’action en ce moment même.
Endogène, le cœur du problème
Depuis plusieurs années, le risque le plus probable en Europe vient d’auteurs ancrés sur le territoire qui sont connectés, parfois isolés et très souvent volatils. Le rapport TE-SAT 2025 d’Europol est très clair. Ce rapport mentionne que l’UE fait face à une menace « aiguë », dominée par des projets déjoués et des passages à l’acte de proximité et la France reste une cible prioritaire.
Des auteurs plus jeunes, et des femmes
Le rajeunissement des personnes mises en cause dans ce type de projet est net. Les chiffres du Parquet national antiterroriste le confirment sans ambiguïté. Les mineurs ne représentaient qu’un pour cent des mises en examen pour terrorisme en 2022. Cette proportion a atteint dix pour cent en 2023, puis vingt et un pour cent sur les sept premiers mois de 2024.
La Direction Générale de la Sécurité Intérieure signale quant à elle que soixante-dix pour cent des personnes interpellées depuis 2023 pour des affaires liées au terrorisme ont moins de vingt et un ans et cette tendance se confirme en 2025.
En parallèle, les services européens et onusiens notent une implication de plus en plus forte des femmes dans ces projets d’attentats.
Le numérique comme accélérateur
Généralement, le passage des paroles aux actes s’opère en ligne au travers de forums fermés, et autres messageries chiffrées. Autant d’écosystèmes qui facilitent la radicalisation, la coordination minimale, puis la tentative d’action. L’ONU et Europol décrivent ce continuum et ses effets sur des profils juvéniles, parfois déjà fragilisés.
Mais combien de signaux faibles manque-t-on encore ? En famille, à l’école, au sein des plateformes elles-mêmes ? La question reste posée.
Paris, dix ans après
À l’approche des commémorations du 13 novembre 2015, l’actualité heurte la mémoire. En effet, la France reste au niveau « urgence attentat » dans la posture Vigipirate de l’été-automne 2025. Les mesures renforcées ne sont pas des gestes techniques, mais traduisent bel et bien une appréciation précise d’une menace qui est mouvante et durable.
Les bonnes questions
Comment trois jeunes femmes en arrivent-elles à vouloir massacrer des inconnus, un soir de concert ou dans un bar ? Où se situe le point de bascule ?
La prévention ne consiste pas à psychologiser l’horreur. Elle suppose des contre-récits crédibles, des repérages précoces, des réponses judiciaires rapides. Elle exige aussi l’implication des plateformes lorsqu’un faisceau d’indices s’allume. En Europe, les données montrent un nombre significatif d’attentats déjoués, une part croissante d’arrestations liées à la préparation d’actions.
Toutefois, il est très probable que nous ne soyons en capacité que d’identifier la partie visible de l’iceberg.
Une menace imprévisible
Alors oui, la menace est aujourd’hui plus endogène qu’exogène parfois féminine et très souvent connectée sur les réseaux sociaux et peut avoir des méthodes d’action qui soient différentes. Il doit être noté aussi que la radicalisation peut s’effectuer dans un temps très court, et que le passage à l’acte peut être mis en œuvre avec une logistique qui soit minimale.
Face à cette situation, les services de renseignement et de contrôle du terrorisme s’adaptent, mais il faut bien garder à l’esprit que nos adversaires apprennent également de leurs erreurs. Si la menace est principalement endogène aujourd’hui, rien n’exclut qu’elle soit exogène demain, car nous n’avons aucune certitude que, quelque part dans le monde, un groupe de personnes prépare actuellement une opération d’ampleur. Non, le risque zéro n’existe pas.







