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Le spectre d’une guerre civile plane sur l’Occident

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Dans un article publié au printemps 2025 dans Military Strategy Magazine, David Betz, professeur de War in the Modern World au King’s College London, alerte : les sociétés occidentales réunissent désormais toutes les conditions d’une guerre civile. Une analyse froide et sans détour qui vise autant les décideurs politiques que le grand public.

Des signaux faibles devenus inquiétants

Selon Betz, les symptômes ne sont plus isolés. La fragmentation culturelle profonde, la stagnation économique persistante, l’effritement de la confiance dans les institutions ou bien encore la polarisation politique extrême composent un cocktail détonnant. Ces tendances, observées de longue date dans des États fragiles, s’ancrent désormais au cœur de l’Europe et aussi aux États-Unis.

Dans ce contexte, la Grande-Bretagne et la France figurent, selon l’universitaire, parmi les pays les plus exposés. L’auteur évalue entre 60 et 70 % la probabilité qu’un conflit interne éclate dans un État occidental au cours des cinq prochaines années, avant de se propager à d’autres États. Un scénario que l’on aurait cru réservé à d’autres latitudes, mais dont les premières manifestations sont déjà bien visibles.

Des faits qui ne relèvent pas de la fiction

Pour illustrer son propos, Betz cite des événements récents. Il mentionne, un sabotage du réseau de fibre optique et des attaques coordonnées contre le réseau ferroviaire qui ont précédé les Jeux olympiques de Paris 2024. Il rappelle également que plus d’un millier de caméras de surveillance liées à la zone à faibles émissions ont été détruites à Londres par des groupes organisés. Betz rappelle également qu’en 2024, un incendie a frappé un transformateur électrique stratégique alimentant Heathrow, perturbant lourdement le trafic aérien. En France, nous pourrions également citer la crise des « gilets jaunes » ou bien les émeutes urbaines de juin 2023, étant entendu que ces événements ont surpris les autorités par leur violence.

Ces actions de destruction qui ciblent des infrastructures critiques ne sont pas des accidents isolés, mais au contraire des actions mûrement réfléchies et préparées. Elles témoignent de facto d’une vulnérabilité structurelle qui, combinée à un climat social tendu, peut précipiter de nombreux pays vers un conflit ouvert et désorganiser de nombreux États.

Limiter les dégâts plutôt que rêver d’éviter l’inévitable

Le professeur Betz ne se contente pas de tirer la sonnette d’alarme. De fait, il préconise une adaptation stratégique immédiate des doctrines militaires et de sécurité, avec pour objectif de réduire l’ampleur des destructions humaines et matérielles si un conflit éclate.

Cela signifie la préservation du patrimoine culturel, souvent ciblé pour saper l’identité, la création de zones de sécurité pour les civils, et, bien sûr, un niveau de sécurité élevé pour les armes et les matières sensibles, y compris les matières nucléaires.

Briser le « biais de normalité »

Le cœur de son avertissement réside dans un concept bien connu en gestion de crise qui est le biais de normalité, une tendance qui pousse à sous-estimer les menaces, par confort ou par habitude. Un tel biais pousse inéluctablement les sociétés à réagir trop tard. Betz rappelle que l’histoire regorge d’exemples où ce déni a coûté cher, et notamment à l’Union soviétique.

En filigrane, la question est de savoir si les dirigeants et citoyens occidentaux sont prêts à admettre que le risque de guerre civile n’est plus un scénario extrême, mais une hypothèse des plus probables ?

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