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Dette publique : chronique d’un naufrage annoncé

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En 2007, le mot « faillite » avait choqué. Dix-huit ans plus tard, il paraît presque indulgent. Pourtant, rien n’a changé. Pire : tout s’est aggravé.

Une phrase qu’on ne peut plus balayer

Le 21 septembre 2007, François Fillon lâchait une vérité nue : « Je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite sur le plan financier. » Un aveu brutal, recadré aussitôt par le président de la République, Nicolas Sarkozy. À l’époque, la dette publique s’élevait à 1 211 milliards d’euros, soit 63,9 % du PIB, de quoi provoquer l’émoi dans les couloirs du pouvoir.

Aujourd’hui, cette même dette frôle les 3 346 milliards soit114 % du PIB.

Une dérive silencieuse, mais constante

Dans les faits, il ne semble plus y avoir de véritable cap. On empile les lois de finances, on annonce des plans, on crée des taxes ici, on promet des économies là. Et dans ces conditions, nous continuons de creuser avec méthode, constance et indifférence. Comme si la gravité du chiffre avait perdu toute portée.

La vérité est là, sous les yeux de tous. Oui, la dépense publique s’emballe, la pression fiscale écrase le travail, la croissance peine à respirer, et la consommation stagne. La machine ronronne… jusqu’à l’étouffement.

Le courage évité, les clientélismes préservés

La recette est pour « simple », car il faudrait couper dans les dépenses inefficaces, repenser les aides qui nourrissent davantage l’inertie que la transformation et aussi alléger le coût du travail afin de redonner du souffle à ceux qui produisent, qui innovent, qui embauchent.

Mais cela supposerait de faire des choix qui seront inévitablement déplaisant. Bref, briser des équilibres politiques, syndicaux et territoriaux et surtout gouverner autrement qu’à l’horizon des prochains sondages ou de la prochaine motion de censure.

Et ça, visiblement, personne n’en veut.

L’orchestre joue encore

L’image est éculée, mais elle reste terriblement juste. Oui le bateau France sombre progressivement. Mais dans les salons capitonnés, on discute encore de l’agencement des couverts. Le Titanic de la République française n’a plus de moteurs, mais son orchestre continue de jouer à droite, à gauche, au centre. Une sérénade qui est hors-sol, répétitive et presque comique.

Sauf que personne ne rit. L’opinion observe. Elle n’est plus dupe. Elle sait que quelque chose cloche. Que cette dette n’est pas abstraite et Qu’un jour ou l’autre, nous finirons pas payer l’addition.

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