Douze jours de feu, de frappes, de propagande. Douze jours qui donnent à certains le sentiment d’avoir remporté une manche décisive. Mais la lucidité commande autre posture qui doit permettre ne pas confondre silence avec reddition.
Le calme apparent d’un régime qui encaisse
Oui, l’Iran a encaissé. Oui, des cibles ont été touchées, des infrastructures affaiblies, des réseaux perturbés. Mais penser que Téhéran est au tapis, c’est méconnaître son mode opératoire. Le régime des mollahs n’a jamais été du genre à réagir à chaud. Il observe, il attend, il choisit le moment.
Depuis la guerre Iran-Irak jusqu’aux affrontements par procuration en Syrie, au Liban ou au Yémen, une constante demeure qui est la patience stratégique. Téhéran n’agit jamais dans l’émotion. Il réagit dans la durée.
Triompher trop tôt, c’est s’exposer inutilement
C’est là que certains dirigeants occidentaux ou régionaux se trompent. Croire qu’un repli temporaire est une défaite. Afficher un triomphalisme tapageur alors que rien n’est réellement terminé. Ce genre d’arrogance alimente le narratif adverse. Il légitime la revanche et prépare le retour de flamme.
Car si l’Iran sait prendre des coups, il sait surtout comment les rendre. Et il le fait sans tambour ni trompette, par l’intermédiaire de ses alliés, ses réseaux et ses zones d’influence. Il frappe là où on ne l’attend pas et à une heure où la vigilance n’est plus forcément de mise.
Ce que Téhéran fait de mieux : l’inattendu
Ce régime est un survivant. Il a traversé les embargos, les assassinats ciblés, les cyberattaques et autres tentatives de soulèvements intérieurs. À chaque fois, il s’est adapté. À chaque fois, il a su retourner le coup porté contre lui.
Son savoir-faire réside justement dans l’ombre, l’infiltration, la propagande, l’activisme diplomatique et bien entendu les opérations asymétriques. Des postures qui n’ont rien de spectaculaire, mais qui sont toujours terriblement efficace.
Rien ne dit que le régime ne ripostera pas demain, mais tout indique qu’il ripostera un jour. Et probablement là où notre attention sera la moins forte.
L’issue n’est pas dans le choc initial
Les conflits modernes ne se jouent plus à la puissance brute. Ils se gagnent ou se perdent sur la durée. Celui qui tient, qui encaisse, qui se relève, l’emporte souvent davantage que celui qui frappe fort au début.
Dans ce registre, l’Iran a de l’endurance. Les mollahs n’ont pas besoin d’une victoire immédiate. Ils veulent survivre et affaiblir leurs adversaires au fil du temps.
Alors non, ce n’est pas le moment de sabrer le champagne.