Le bras de fer entre Téhéran et Tel-Aviv s’intensifie. Mais au-delà du fracas des armes conventionnelles, une autre menace, plus diffuse et insidieuse, refait surface : celle d’un terrorisme d’État parfaitement huilé.
Une stratégie ancienne, rodée et assumée
Depuis plus de quarante ans, l’Iran cultive une doctrine singulière, à savoir frapper sans apparaître. Dès les lendemains de la révolution islamique de 1979, le recours à des actes terroristes s’est inscrit dans les pratiques de l’appareil d’État. Mais ici, pas de groupes isolés ou de cellules fantaisistes. Téhéran, lui, agit avec les outils d’un État structuré avec des budgets, des services de renseignement, des diplomates et autres réseaux dormants. Cette architecture, patiemment bâtie, a permis au régime de projeter sa puissance bien au-delà de ses frontières.
La boîte à outils de la guerre indirecte
Quand le rapport de force classique ne suffit plus, l’Iran déploie une autre carte avec l’aide ses supplétifs. Encadrée par la Force Qods, unité d’élite des Gardiens de la Révolution, une nébuleuse de groupes armés agit pour le compte de la République islamique. Au Liban, le Hezbollah. À Gaza, le Hamas. Au Yémen, les Houthis. Chacun joue sa partition, souvent en dehors des radars, mais toujours dans le tempo stratégique de Téhéran.
Face à Israël et ses alliés, cette mécanique pourrait être réactivée à tout moment. Si les intérêts iraniens venaient à être directement menacés, ces relais dormants pourraient cesser de l’être. Ils sont déjà là, ancrés, prêts à être sollicités.
Des précédents qui n’ont rien d’anecdotique
Ce n’est pas un fantasme. L’Europe, l’Amérique latine, le Moyen-Orient ont notamment été des théâtres d’opération de ces groupuscules. En France, les années 1985-1986 ont été marquées par une série d’attentats à Paris. L’enquête mènera aux portes de réseaux liés au Hezbollah libanais. Téhéran, en arrière-plan, niant bien entendu toute implication. Même schéma en 2018 alors qu’un diplomate iranien est condamné pour avoir orchestré un projet d’attentat à Villepinte, lors d’un rassemblement d’opposants au régime.
Et comment ne pas évoquer Buenos Aires ? En 1992, puis en 1994, deux attaques ciblent l’ambassade d’Israël puis un centre communautaire juif. Des dizaines de morts. Là encore, les soupçons convergent vers le Hezbollah, avec le soutien actif de la Force Qods.
La menace aujourd’hui : froide, calculée, plausible
Depuis l’embrasement régional déclenché par le conflit israélo-palestinien, une vérité s’impose qui est que l’Iran a conservé intact son savoir-faire. Ses relais sont toujours actifs. Sa doctrine, elle, n’a pas bougé d’un poil. L’attaque indirecte reste sa carte maîtresse. Pour frapper Israël, déstabiliser ses alliés ou détourner l’attention de son propre front intérieur, Téhéran pourrait renouer avec ses vieilles méthodes.
Le principe reste inchangé et ce principe consiste à ne pas apparaître, mais faire mal. Agir par groupes interposés, tout en maintenant une posture officielle de dénégation. La guerre, sous cette forme, n’a jamais cessé. Elle change simplement de rythme et de terrain.