La guerre moderne ne se joue plus seulement sur les champs de bataille. Elle se déploie désormais dans les réseaux, les urnes, les esprits.
La guerre hybride en est l’incarnation la plus aboutie : un affrontement sans déclaration, un conflit sans uniforme.
Une stratégie aux multiples visages
La guerre hybride désigne une approche militaire combinant des moyens conventionnels et non conventionnels.
Son objectif : atteindre des résultats politiques, économiques ou géostratégiques, tout en restant sous le seuil du conflit ouvert.
Les instruments mobilisés sont multiples :
- Cyberattaques contre les infrastructures critiques
- Soutien à des groupes armés ou paramilitaires non étatiques
- Campagnes massives de désinformation
- Actions de sabotage et de déstabilisation psychologique
La Russie, figure centrale de la guerre hybride en Europe
La Russie est aujourd’hui reconnue comme l’un des principaux artisans de cette forme de conflit.
Depuis plus d’une décennie, elle déploie une palette sophistiquée d’actions hybrides pour influencer et affaiblir les démocraties européennes.
Parmi les cas les plus marquants :
- Interférences électorales
Des accusations répétées font état de soutiens discrets à des partis pro-russes, de diffusion de fausses informations, et de tentatives d’influence directe sur les résultats électoraux. - Cyberattaques ciblées
Des infrastructures essentielles – énergie, télécommunications, transports – ont été visées par des opérations informatiques attribuées à des groupes liés à l’État russe, provoquant désorganisation et incertitude. - Sabotage stratégique
Des incidents comme la rupture de câbles sous-marins en mer Baltique ont été interprétés comme des signaux de pression indirecte, visant à perturber les communications et à tester les vulnérabilités occidentales. - Propagande et manipulation de l’information
Par médias interposés et plateformes numériques, des récits alternatifs sont systématiquement propagés pour polariser les opinions publiques, semer le doute, et affaiblir la cohésion des sociétés démocratiques.
Un conflit sans drapeau, mais pas sans dégâts
Cette stratégie a l’avantage d’être économiquement rentable, juridiquement ambiguë et psychologiquement redoutable.
Elle rend la riposte délicate : pas d’invasion visible, pas de missiles, mais une érosion lente des piliers démocratiques, souvent imperceptible jusqu’à ses effets irréversibles.
Comme l’a souligné le député européen Bernard Guetta :
« Poutine s’emploie à orchestrer des formes inédites de guerre. »
Loin d’un simple affrontement idéologique, la guerre hybride vise à déséquilibrer durablement les sociétés ciblées, en les divisant de l’intérieur.