Il y a des informations que l’on aimerait croire sorties d’un mauvais sketch. Pourtant, elles traduisent une réalité bien plus inquiétante. À la prison de Valence, un détenu s’est récemment fait livrer une piscine gonflable et a paradé fièrement sur les réseaux sociaux, transformant un lieu de privation de liberté en une scène ubuesque.

Un système carcéral à bout de souffle

La prison, censée incarner l’expiation et la réinsertion, est devenue pour certains une étape anodine, presque banale, de leur parcours de vie. À la faveur d’un laxisme structurel et d’un manque criant de moyens, les établissements pénitentiaires peinent à incarner la moindre autorité.

Le constat est implacable : téléphone portable, trafic de stupéfiants via drones, téléviseurs personnels et cuisine improvisée dans les cellules sont devenus le quotidien de nombreux établissements. Selon les dernières données, le taux d’occupation des prisons françaises s’élève à 122 % en moyenne, atteignant même 146 % dans certaines maisons d’arrêt.

Dans ces conditions, il devient urgent de repenser le sens même de la détention. Loin de toute approche dégradante, il est néanmoins essentiel de réaffirmer que l’incarcération ne peut être perçue comme un passage confortable ou initiatique.

La nécessité d’une réforme profonde

La réponse à cette crise passe d’abord par des mesures symboliques fortes. L’instauration d’un uniforme carcéral, au moment où le débat sur l’uniforme scolaire refait surface, serait un premier signal de rupture avec la confusion actuelle.

Il faut également en finir avec l’aménagement anarchique des cellules, où le confort de certains détenus frôle l’indécence, pour garantir des conditions de détention dignes, mais strictes.

Au-delà de la discipline, c’est l’accompagnement éducatif et psychologique qui doit être remis au centre du dispositif carcéral. Car l’objectif reste de prévenir la récidive, un fléau qui continue de miner notre société. Selon l’Insee, 40 % des personnes condamnées en 2019 étaient en état de récidive ou de réitération. Ce taux atteint 8 % pour les crimes, et 40 % pour les délits.

Refonder pour restaurer l’autorité

La prison ne peut continuer à être perçue comme un simple sas d’attente avant une prochaine infraction. Il est grand temps que le législateur impose une rupture culturelle dans la gestion carcérale : réaffirmer l’autorité, restaurer la responsabilité individuelle, et reconstruire des parcours de réhabilitation ambitieux.

Quant aux criminels les plus dangereux, leur prise en charge doit être repensée avec rigueur et humanité, sans jamais céder à la facilité de solutions extrêmes.

La prison doit redevenir un lieu où l’on expie, où l’on se reconstruit, et non un lieu où l’on parade.