Faire de la politique (politiká) ne consiste plus aujourd’hui à conduire les affaires de l’État, mais plutôt à exceller dans l’art de la communication.

Oyez, oyez, bonnes gens ! Dites-moi ce que vous voulez entendre, et je vous le dirai. Bien entendu, cela vaut pour tous les partis politiques.

La communication et ses artifices sont devenus une arme ultime, permettant notamment de dissimuler la vérité derrière un rideau de fumée et d’hypnotiser les sujets les plus réceptifs.

Qui se préoccupe réellement du réalisme et des impacts de telles ou telles propositions ?

Un politicien qui se respecte a parfaitement compris que chaque action doit entraîner une réaction la plus médiatique possible. Peu importe l’efficacité des mesures proposées, l’objectif est de capter l’attention et d’occuper la place.

Exister politiquement, c’est avant tout occuper le terrain, et je dirais même, mettre en avant son langage corporel pour que les proportions de 80 % de non-verbal et 20 % de verbal soient respectées.

Une posture martiale, des dents blanches, des punchlines adaptées, des tweets savoureux et piquants, une profondeur du regard et une volonté affichée feront l’affaire.

Aujourd’hui, l’exercice pour tout politique qui se respecte consiste à avoir des solutions pour tous les maux de la société, en prenant grand soin de contrer ses adversaires. Tout le reste n’est finalement que superflu.

Émile Coué serait fier de tous ceux qui occupent la scène politique en 2024. Hélas, l’autosuggestion a ses limites que l’homopoliticus ne devrait pas ignorer.

Le déficit budgétaire se creuse ? Aucun problème, nous allons agir avec rigueur et procéderons à de véritables changements structurels.

Le trafic de drogue est devenu endémique ? Aucun problème, nous lançons les opérations « Place Nette ».

Des problèmes de laïcité et de sécurité dans les écoles ? Aucun problème, nous créons les Forces Mobiles de Sécurité, sachant qu’il existe déjà des Équipes Mobiles de Sécurité (EMS) actives depuis 2009, avec les résultats que nous connaissons.

La guerre en Ukraine ? Aucun problème, laissons le Donbass à la Russie.

Les massacres du 7 octobre 2023 ? Juste un acte de résistance.

Le pouvoir d’achat des Français ? La solution est simple, yakafokon.

Les problèmes budgétaires, de sécurité, d’immigration, de réforme de l’État, etc., aucun problème. Nous règlerons tous ces problèmes en un clin d’œil.

Vous ne partagez pas nos idées et convictions, aucun problème ? Nos outils de persuasion sont prêts à convaincre ceux qui doivent l’être.

En résumé, ce n’est pas gagné…