De retour d’un long voyage professionnel en Colombie et au Mexique, je réalise combien notre regard français sur nos propres difficultés mérite parfois d’être nuancé. Derrière les façades modernes des grandes villes, la réalité quotidienne dans ces pays est marquée par une violence endémique et une pauvreté alarmante.

Deux mondes qui coexistent, mais ne se croisent pas

À Bogota, Mexico City ou Guadalajara, les quartiers d’affaires témoignent d’un certain dynamisme économique. Pourtant, à quelques rues de là, une autre réalité domine : pauvreté extrême, insécurité chronique, trafics en tout genre et corruption omniprésente.

Dans cet environnement, des millions de personnes tentent simplement de survivre, prises en étau entre désespoir social et criminalité rampante.

Les chiffres de l’horreur

Quelques données suffisent à mesurer l’ampleur du problème :

France : 1,14 homicides pour 100 000 habitants
États-Unis : 6,38 homicides pour 100 000 habitants
Colombie : 25,38 homicides pour 100 000 habitants
Mexique : 26,11 homicides pour 100 000 habitants

Les écarts sont vertigineux, et ils s’étendent bien au-delà de la violence physique : tous les autres indicateurs – sociaux, économiques, environnementaux, juridiques – témoignent d’une situation gravement détériorée.

Le narcotrafic, moteur de la violence

Au cœur de ce chaos, les trafics de drogue occupent une place centrale. Le commerce mondial illégal de drogues génère entre 426 et 652 milliards de dollars par an, selon Global Financial Integrity.

En France, ce marché criminel est estimé entre 3,5 et 6 milliards d’euros, faisant du narcotrafic l’activité illégale la plus lucrative du pays.

Après avoir consolidé leur emprise sur l’Amérique du Nord, les cartels mexicains et colombiens intensifient aujourd’hui leur offensive vers l’Europe, attirés par un marché en expansion et des opportunités logistiques grandissantes.

Une vague qui risque de submerger l’Europe

Les noms sont tristement célèbres : Cartel de Sinaloa, CJNG (Cartel Jalisco Nouvelle Génération), Cartel du Golfe, Los Zetas, Cartel de Juarez, Clan del Golfo… Tous incarnent une brutalité extrême et disposent de moyens financiers colossaux.

Face à cette déferlante, la France, comme d’autres pays européens, devra renforcer ses capacités d’adaptation et de riposte. Car si rien n’est fait, les caïds de nos quartiers risquent fort de devenir, demain, de simples exécutants au service des barons de la drogue d’Amérique latine.