Gagner une « guerre » exige une stratégie, des tactiques soigneusement calibrées et des moyens appropriés. Cependant, il existe une guerre que l’État français à ce stade ne peut pas remporter : celle contre les trafics de stupéfiants.
 
Selon l’Observatoire français des drogues et des addictions (OFDT), le trafic de stupéfiants est alimenté par une demande croissante, touchant toutes les classes sociales et territoires. Actuellement, la France compte environ 5 millions de consommateurs réguliers de cannabis et près de 600 000 de cocaïne. Le marché des drogues génère un chiffre d’affaires d’environ 3 milliards d’euros en France et environ 250 milliards de dollars dans le monde. 
 
En novembre 2023, le ministère de l’Intérieur a recensé 315 homicides liés au trafic de drogues, en hausse de 57 % par rapport à la même période en 2022. Marseille a enregistré à elle seule 47 « narcohomicides » en 2023 (dont 7 mineurs) et 118 blessés, faisant de l’année dernière la pire année que la cité phocéenne ait connue malgré les mesures mises en place depuis 3 ans.
 
Les supérettes de cannabis et de cocaïne se multiplient aujourd’hui sur l’ensemble du territoire, un démantèlement de point de deal étant rapidement suivi par l’apparition d’un nouveau. L’Office anti-stupéfiants (OFAST) estime que près de 240 000 personnes vivent directement ou indirectement de ces trafics. Actuellement, un kilo de cocaïne acheté en gros à environ 30 000 euros est revendu aux consommateurs 70 000 euros, permettant aux trafiquants d’enregistrer une marge brute de plus de 133%.
 
Les têtes de pont de ces trafics, réfugiées à Dubaï, en Thaïlande ou ailleurs, n’hésitent plus instant à faire parler les « kalash » pour protéger leurs intérêts, fauchant ainsi des citoyens « ordinaires » tels qu’une jeune étudiante de 24 ans, une mère de famille de 43 ans, un homme de 63 ans jouant aux cartes dans un snack, ou encore le jeune Fayed âgé de 10 ans.
 
En France, la lutte contre les trafics de stupéfiants équivaut à essayer de vider un océan avec une paille, ou bien une petite cuillère.
 
Alors, oui, et à mon plus grand regret, la France a déjà perdu cette guerre. Et, il faudra bien finir par en prendre conscience.
 
Il n’existe pas de remède miracle, et il semble inévitable que la légalisation des drogues, comme le cannabis, suive le chemin de certains États aux États-Unis et d’autres pays. Reste à savoir la manière dont le législateur abordera cette thématique très complexe, car il est très peu probable que les trafiquants décident de baisser rideau aussi facilement.
 
Gagner cette guerre impliquerait la mise en place de mesures législatives très fortes et notamment des peines systématiques de prison, visant à la fois les trafiquants et certains consommateurs. Personnellement, je doute que nos responsables politiques empruntent un jour cette voie.