La vie quotidienne est jalonnée de risques, certains acceptables, d’autres inacceptables. La frontière entre les deux n’est pas une affaire d’optimisme ou de défi, mais d’analyse froide des inconnues et des capacités réelles de maîtrise. Une distinction essentielle, particulièrement dans le contexte d’événements d’ampleur mondiale.

Les risques acceptables : maîtriser l’imprévisible

Un risque est dit acceptable lorsque toutes les mesures humaines et techniques possibles ont été mises en œuvre pour en limiter l’occurrence et en atténuer les conséquences.

Cela ne signifie pas que le risque disparaît, mais que l’ensemble des facteurs critiques a été identifié et traité. L’exemple type est la protection d’un chef d’État de premier rang : bulles de sécurité multiples, sécurisation des points hauts, reconnaissance minutieuse des lieux, itinéraires dégagés, réaction d’intervention immédiate en cas de menace.

Si la probabilité d’attaque reste minimale, le risque n’est jamais nul. En cas de matérialisation, l’impact serait grave, mais les services de sécurité auraient mis en place tous les dispositifs pour réagir efficacement.

Les risques inacceptables : une équation hors de contrôle

À l’opposé, certains risques relèvent de l’inacceptable. Non par manque de moyens, mais parce que les inconnues sont trop nombreuses et non maîtrisables, quelle que soit la qualité des dispositifs.

C’est la conjugaison d’imprévus multiples – amplifiée par la loi de l’emmerdement maximum – qui peut rendre toute tentative de contrôle illusoire. Dans ce contexte, céder à l’orgueil en croyant pouvoir dominer l’impossible relève d’une erreur stratégique majeure.

La cérémonie d’ouverture sur la Seine : un pari dangereux

La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 sur la Seine illustre cette frontière. Le cadre mouvant, l’élément aquatique, les risques de panique collective, les difficultés d’intervention rapide rendent cet événement intrinsèquement non maîtrisable.

À l’inverse, une cérémonie sur un site comme les Champs-Élysées aurait pu relever d’un risque acceptable, grâce à des conditions environnementales plus contrôlables.

Aujourd’hui, deux visions s’opposent. D’un côté, ceux qui croient au succès total ; de l’autre, ceux qui considèrent que le risque dépasse les seuils raisonnables d’acceptabilité. Chacun espère, au fond, être dans le camp qui se sera trompé pour le bien de tous.

Mais il est une certitude : en matière de sécurité, la roulette russe n’a jamais été un jeu.