La victoire du PSG aurait pu rester dans l’histoire comme un moment de joie partagée. Elle restera, aussi, comme le théâtre d’un déchaînement de violence. Une fois encore. Les scènes de chaos qui ont suivi n’étonnent plus vraiment. C’est peut-être cela, le plus inquiétant.

Des casseurs, pas des supporters

Il faut le dire clairement : ceux qui ont mis à sac les rues de plusieurs villes françaises ne célébraient rien. Ils n’avaient ni amour pour le football, ni passion pour un club. Juste une occasion — une de plus — de sortir, d’exister, de tout casser. Ces jeunes, souvent déjà connus des services de police, n’avaient pas besoin d’un score pour s’embraser. Juste d’un contexte favorable.

Un match, une fête, une manifestation, un fait divers. Peu importe. Le moteur est ailleurs. Leur colère est prête, leur violence latente. Il leur suffit d’un prétexte. Et dans ce pays fragmenté, les prétextes ne manquent pas.

Le terrain de jeu du chaos

Certains parlent d’ultras, d’excès, de débordements incontrôlés. Le mot est faible. Il s’agit d’un phénomène désormais routinier. Les grands rassemblements populaires, quels qu’ils soient, sont devenus les points de départ d’une spirale bien rodée : attroupements, provocations, affrontements, pillages. Ce n’est plus une exception. C’est devenu un mode opératoire.

À chaque éruption, les mêmes constats. Les mêmes formules. Les mêmes impuissances. Pourtant, les violences ne sont ni soudaines, ni accidentelles. Elles sont l’expression directe d’un mal enraciné depuis des années. Un effritement progressif de l’autorité. Une défiance généralisée. Et une haine froide, sans grande cause à défendre.

Une poudrière à ciel ouvert

La France ne tient plus que par inertie. Et chaque événement d’ampleur agit comme un révélateur brutal. Une étincelle. Une collision entre un pays officiel, républicain, structuré, et un pays parallèle, invisible, mais bien vivant. Un territoire mental où l’État ne pèse plus rien. Où les forces de l’ordre sont vues comme des cibles. Où la violence n’est plus transgressive, mais ordinaire.

Il ne s’agit pas seulement de réprimer. Il ne suffit pas d’interpeller. Ce week-end encore, des dizaines d’arrestations ont eu lieu. Et après ? Qui sera jugé ? Qui sera condamné à la hauteur des actes commis ? Pour beaucoup, l’incarcération est une parenthèse. Un passage. Une étape presque valorisante dans certains codes.

Repenser sans attendre

L’erreur serait de croire qu’on pourra gérer ce désordre en s’en tenant à des réponses ponctuelles. Les problèmes de sécurité s’inscrivent dans une boucle, une temporalité qui se répète à l’identique. Tant que les mêmes causes seront laissées intactes, les mêmes effets reviendront. En plus fort. En plus violent. En plus incontrôlable.

Il faut rouvrir les yeux. Et surtout rouvrir les territoires. Revenir là où la République s’est effacée. Rétablir un socle d’autorité, au quotidien. Redonner un sens aux sanctions. Et ne pas abandonner la réinsertion aux discours de principe. Cela prendra du temps. Cela demandera du courage. Mais continuer à reculer, c’est alimenter ce qui vient.

Le temps des diagnostics est passé. Maintenant, il faut choisir. Subir. Ou reprendre la main.