À la croisée de l’Europe et de l’Asie, la mafia turque s’est imposée comme un acteur incontournable du crime organisé international. Discrète mais terriblement efficace, elle contrôle aujourd’hui des pans entiers des trafics transcontinentaux, tout en tissant des liens étroits avec les sphères économiques et politiques.

Une naissance dans l’ombre de la géopolitique

La mafia turque ne surgit pas ex nihilo. Elle émerge dans l’après-Seconde Guerre mondiale, portée par les transformations économiques rapides et l’instabilité politique intérieure. Dès les années 1970, certains groupes criminels profitent du chaos des coups d’État militaires successifs pour développer leurs activités illicites.

Trafic d’héroïne vers l’Europe, contrebande d’armes, blanchiment d’argent : les mafias turques s’inscrivent dans les grands flux de la mondialisation criminelle, exploitant leur position géographique unique comme carrefour entre l’Orient et l’Occident.

Une spécialisation dans les trafics internationaux

Historiquement, la mafia turque devient l’un des principaux vecteurs de la « Route des Balkans » pour l’héroïne afghane, acheminée vers les marchés européens. À cette activité initiale s’ajoutent rapidement d’autres trafics : cigarettes, êtres humains, devises, voitures volées.

La diversification et l’adaptation permanente caractérisent ces organisations : elles investissent progressivement dans les secteurs légaux pour mieux dissimuler leurs opérations illégales, de l’immobilier à la restauration, en passant par la logistique.

Des liens troubles avec le pouvoir politique

La spécificité de la mafia turque réside également dans sa proximité, parfois étroite, avec certaines sphères politiques. Durant les années 1990, le scandale dit de Susurluk éclaire l’ampleur des connexions entre policiers, hommes politiques et mafieux, révélant un système parallèle d’intérêts croisés.

Encore aujourd’hui, certaines affaires suggèrent que la criminalité organisée turque bénéficie de complicités locales, notamment dans la protection de ses activités de trafic ou dans le financement occulte de campagnes politiques.

Une influence croissante au niveau européen

La diaspora turque installée en Allemagne, aux Pays-Bas, en France et en Belgique constitue un relais important pour l’extension de la mafia turque en Europe. À travers ces réseaux, elle contrôle une partie du trafic de drogue, du proxénétisme et du blanchiment d’argent.

La mafia turque se distingue par sa capacité à nouer des alliances opportunistes avec d’autres organisations criminelles, notamment albanaises, kurdes, serbes ou maghrébines, favorisant ainsi l’émergence de réseaux hybrides très complexes.