Les signaux faibles sont l’alpha et l’oméga de toute stratégie. En effet, sans une parfaite identification et analyse de ces signaux, il est plus que probable que la stratégie mise en œuvre tourne court. En l’espèce, tout le problème réside dans l’identification et l’acceptation de ces signaux.
Par définition, ces signaux sont toujours difficilement identifiables, lisibles et acceptables par le plus grand nombre. Les choses se corsent lorsqu’il s’agit de petits signaux pratiquement imperceptibles, mais dont la croissance peut totalement faire capoter une stratégie parfaitement structurée. Par analogie, il est possible de comparer ces signaux au petit grain de sable qui va venir gripper une machine industrielle des plus performantes.
Le problème avec les signaux faibles est que rares sont les personnes qui les détectent et surtout veulent y croire. Et, pourtant, bien souvent, ils germent dans ces signaux des menaces redoutables qui prendront de court de nombreux observateurs.
C’est la capacité de l’analyste à lire entre les lignes qui fera toujours la différence. Les signaux faibles sont toujours protéiformes et peuvent être constitués d’une phrase, d’une réaction, d’une donnée incompréhensible, d’une posture, d’une situation bien trop limpide, etc.
Il est toujours possible de réécrire l’histoire et de détecter après coup de nombreux signaux faibles. À titre d’exemple, si nous prenons l’envahissement de l’Ukraine par la Russie, les signaux faibles étaient multiples. Cependant, de nombreux experts ont affirmé à qui voulait l’entendre qu’une telle action de la part de Vladimir Poutine était hautement improbable, voire impossible.
Les changements de posture des consommateurs, les mouvements sociaux les plus violents, à l’image de celui des gilets jaunes, les actions terroristes, etc., ont tous été précédés par des signaux faibles qui n’ont pas été identifiés ou acceptés. En la matière, il s’agit bien d’acceptation, car un faible signal a aussi une probabilité d’occurrence qui l’est tout autant. Toutefois, il est important de garder à l’esprit qu’une probabilité d’occurrence peut évoluer à une vitesse incroyable, passant de faible à certaine en un temps record.
Fort heureusement, tous les signaux faibles ne sont pas source de catastrophe, mais ils joueront néanmoins un rôle crucial dans la stratégie qui sera mise en œuvre.
C’est notamment pour ces raisons qu’il est crucial de laisser galoper au grand vent l’esprit de ceux qui sont chargés d’identifier et analyser des signaux faibles, car c’est ainsi que l’on évite des catastrophes.