À chaque passage sur les routes françaises, un même constat s’impose : certains conducteurs se prennent pour des pilotes de course dans un monde où les règles ne s’appliqueraient qu’aux autres. Le bitume est devenu leur terrain de jeu. Les vies humaines, une variable secondaire.
Je prends rarement la voiture. Mais lorsque cela m’arrive — départ en vacances ou traversée d’un embouteillage autoroutier — je redécouvre à chaque fois une catégorie bien particulière de conducteurs.
Ils roulent à 140 km/h en zone 80. Ils frôlent les passages piétons, friment sur la voie de gauche, pestent contre les « lents » et ignorent superbement toute notion de code de la route.
Pour eux, les limitations de vitesse sont une insulte à leur talent, une invention de bureaucrates frustrés. Ils ne vont pas trop vite — c’est nous qui allons trop lentement. Nuance.
Et puis, il y a les champions du refus d’obtempérer. Chaque jour en France, une infraction de ce type est constatée toutes les 20 minutes.
Quand un gyrophare s’allume derrière eux, ils préfèrent se dire que ce n’est pas pour eux. Ils ont « mieux à faire » : une urgence personnelle, une livraison à honorer, une mission imaginaire. Leurs actes, pourtant, mettent en danger la vie des autres. Et parfois, ces fuites finissent en drame.
Certains invoquent un sentiment d’oppression, de stress, de rébellion contre « le système ». Ils justifient leurs comportements dangereux par des circonstances personnelles. Parfois même, on les plaint.
Mais il n’existe aucune liberté qui autorise à mettre en péril des vies humaines.
Il n’existe aucun droit de rouler vite, à contresens ou au mépris des règles élémentaires de prudence.
Et pour ceux qui brandissent la « liberté de rouler » comme un étendard : qu’ils aillent expliquer leur conception de la liberté à une famille qui pleure un proche tué sur la route.
Mention spéciale aux chauffards qui conduisent des véhicules professionnels, floqués au nom de leur entreprise, tout en roulant à des vitesses excessives.
C’est une façon radicale, et particulièrement efficace, de nuire à l’image de marque de leur employeur.
Un rappel utile : représenter son entreprise sur la route engage sa responsabilité.
Plutôt que de multiplier les avertissements, supprimons les panneaux annonçant les radars.
Interdisons les alertes GPS qui permettent d’éviter les contrôles.
Car non, ce n’est pas une question de répression aveugle. C’est une question de protection.
Et parfois, punir, c’est sauver.