Avant de parler gestion d’équipe ou leadership, j’ai connu les files d’attente tendues, les regards qui en disent long, et les nuits où une mauvaise décision pouvait virer au drame. Mon école du management ? Ce fut Pigalle et Bastille.

Une motivation bien concrète : une paire de Weston

Tout a commencé simplement. Je voulais m’offrir une paire de chaussures Weston. Pour ça, j’ai accepté un job d’appoint : physionomiste, puis videur, dans des clubs parisiens.

Ce qui devait durer quelques semaines s’est transformé en véritable formation accélérée. Un apprentissage à ciel ouvert. Brut. Intense. Sans diplôme ni support de cours.

Une école de la nuit… et de la vie

Mes professeurs ne donnaient pas de conférences TEDx. Ils s’appelaient Laurent T., Kitty, Thierry H., Dany S., Latif B., Africa, et bien d’autres. Des professionnels de la sécurité, du calme sous pression, du sang-froid absolu.

Ils m’ont appris à gérer bien plus que des files d’attente :

  • à désamorcer des conflits,
  • à sentir une tension monter en un clin d’œil,
  • à intervenir juste au bon moment… ou à ne rien dire.

Dans ce monde-là, la violence, la drogue, les faux-semblants et l’humanité brute se croisent sans prévenir.

Loin des théories, au cœur du réel

J’aimerais dire que je n’ai jamais eu peur. Ce serait faux.

Bien sûr que la peur était là. Mais j’ai appris à l’apprivoiser. À m’en faire une alliée. À faire confiance à l’équipe. À analyser en temps réel, décider vite, et garder mon sang-froid.

Ce que ces années m’ont transmis vaut tous les modules théoriques de « gestion de crise » que j’ai pu suivre ensuite.

Mes apprentissages de terrain :

  • Repérer les signaux faibles avant qu’ils n’explosent
  • Lire une salle dès le premier regard
  • Agir en silence, parfois d’un simple mot
  • Faire preuve de discernement et de retenue
  • Savoir se faire respecter, sans jamais humilier
  • Être solide, sans jamais se durcir

Le management, version terrain

Ces longues nuits passées en vigie devant les clubs m’ont forgé. J’ai appris à respecter tout le monde : le plus fort, le plus fragile, le plus nerveux, le plus perdu.

J’ai appris à ne pas jouer un rôle. À rester moi-même, quel que soit le contexte. À poser mes limites sans violence. Et à comprendre que le vrai leadership ne se crie pas : il se vit.

Ce que je dois à ces hommes

Je leur dois une part essentielle de qui je suis aujourd’hui, dans ma vie professionnelle comme dans mes relations humaines. Ils m’ont appris à garder le cap, à me montrer digne, et à rester ancré, même quand tout vacille autour.

Aujourd’hui, je ne travaille plus sous les néons, mais les réflexes appris sur le terrain m’accompagnent à chaque instant. En réunion. En négociation. En conflit.

Car le management ne s’apprend pas toujours dans les livres.
Parfois, il s’apprend au cœur du bruit, de la tension, et de l’humain.