Assumer ses responsabilités n’est pas chose courante dans l’univers politique contemporain. Pourtant, il arrive encore que certains dirigeants nous rappellent ce qu’est le véritable sens de l’engagement public, loin des calculs électoraux et des discours formatés.

Une décision politique rare et exemplaire

Le désormais ex-ministre de la Justice belge, Vincent Van Quickenborne, a démissionné vendredi dernier de ses fonctions, incarnant une forme de courage politique devenue trop rare.

À l’origine de sa décision, une faute lourde : la Tunisie avait, dès le 15 août 2022, réclamé l’extradition d’Abdesalem Lassoued, l’auteur de l’attentat de Bruxelles qui a coûté la vie à deux personnes la semaine dernière. Cette demande n’a malheureusement pas été traitée correctement par le parquet bruxellois, avec des conséquences tragiques.

Lors de la conférence de presse annonçant son départ, Vincent Van Quickenborne a déclaré : « Cette nouvelle information, venant du parquet, me touche en plein cœur, car j’ai fait tout mon possible pour améliorer notre justice. C’est une erreur individuelle, monumentale, une erreur inacceptable, aux conséquences dramatiques. »

Le poids de la responsabilité

Il est rare de voir un haut responsable politique assumer avec autant de clarté et de dignité les fautes commises dans son administration, même lorsqu’il n’en est pas l’auteur direct.

Un vrai chef, au sens noble du terme, commande en première ligne. Il n’endosse pas seulement les réussites de son équipe ; il porte aussi, et surtout, la responsabilité des échecs. C’est là toute la différence entre ceux qui se contentent d’exercer le pouvoir et ceux qui en incarnent l’esprit.

Vincent Van Quickenborne n’a pas choisi la voie facile. Il a choisi celle de l’exemplarité. Celle qui, précisément, pourrait permettre à nos démocraties de retrouver la confiance des citoyens, profondément ébranlée par les renoncements, les compromissions et les faux-semblants.

Redonner du sens à l’engagement politique

Dans une époque où l’image prime souvent sur l’éthique, cette décision envoie un signal fort. Elle rappelle que gouverner ne consiste pas seulement à communiquer, mais à agir et à assumer, en toute transparence.

Pour réconcilier les citoyens avec la politique, deux piliers sont indispensables : l’exemplarité et le courage. L’un sans l’autre n’a pas de sens. Sans exemplarité, le courage se transforme en témérité. Sans courage, l’exemplarité reste un vœu pieux.

Le geste de Vincent Van Quickenborne, s’il ne pourra effacer la douleur des familles endeuillées, mérite d’être salué à sa juste valeur. Il montre qu’il existe encore, parfois, une forme d’honneur en politique.

Bravo, Monsieur le Ministre.