Alors que le régime de Bachar el-Assad vacille, l’avenir de la Syrie semble plus incertain que jamais.
Dans ce contexte chaotique, il est crucial de comprendre les forces en présence, et notamment de distinguer islamisme et djihadisme, deux réalités souvent amalgamées mais fondamentalement différentes.

Djihadisme et islamisme : deux logiques distinctes

Le djihadiste se définit avant tout par le recours à la violence armée, dans le cadre d’une guerre sainte visant à :

  • Imposer une gouvernance islamique radicale
  • Établir un califat à l’échelle régionale ou mondiale

Des groupes tels que Daech ou Al-Qaïda incarnent cette vision apocalyptique et expansionniste.

À l’inverse, l’islamiste prône l’application de la charia dans la sphère politique et sociale.
Les méthodes varient : certains, comme les Frères musulmans, utilisent les voies institutionnelles ; d’autres privilégient des moyens coercitifs.
Tous les islamistes ne sont pas djihadistes, même si, dans certains cas, la radicalisation peut aboutir à la violence.

La frontière fragile entre islamisme armé et djihadisme

En période de guerre, la distinction entre islamisme et djihadisme s’estompe.
Un islamiste armé n’adhère pas nécessairement à l’idéologie mondialiste djihadiste, mais il peut utiliser :

  • La violence locale
  • Le contrôle militaire de territoires
  • La répression sociale et religieuse

Le contexte syrien, caractérisé par des alliances mouvantes et des loyautés fragiles, complique encore davantage cette lecture.
Des groupes initialement modérés peuvent radicaliser leurs positions sous la pression des dynamiques de guerre ou des financements extérieurs.

Un futur syrien profondément incertain

La chute du régime ne signifiera pas nécessairement la fin des souffrances pour le peuple syrien.
Le pays risque d’éclater en zones de contrôle fragmentées, dominées par :

  • Djihadistes violents
  • Islamistes enracinés localement
  • Milices communautaires
  • Intérêts étrangers divergents

Les puissances internationales — Russie, Turquie, États-Unis — poursuivent leurs propres agendas, alimentant les conflits par procuration.

Si les djihadistes prospèrent dans le chaos, les islamistes modérés pourraient jouer un rôle politique décisif, soulevant la question délicate de la compatibilité entre islamisme et stabilisation démocratique.

Éteindre ou canaliser les flammes ?

Deux approches s’opposent :

  • L’éradication militaire totale des groupes djihadistes
  • L’intégration contrôlée des islamistes modérés dans un processus politique

Mais éradiquer sans s’attaquer aux racines du mal — pauvreté, répression, exclusion sociale — ne fait que préparer la prochaine flambée de violence.

Une stratégie durable exigerait :

  • Une vision politique claire
  • Un leadership international fort et coordonné
  • Un engagement profond pour reconstruire un État syrien inclusif

Or, à ce jour, aucun de ces éléments ne semble réuni.

Conclusion

La différence entre djihadisme et islamisme n’est pas qu’une subtilité sémantique : elle oppose des visions du monde et des stratégies politiques profondément divergentes.
Dans un Moyen-Orient en mutation, la Syrie reste un champ de bataille idéologique, où ces forces antagonistes redéfinissent les contours du pouvoir.

Si l’avenir du pays reste obscur, une certitude demeure : seule une approche globale, mêlant diplomatie, aide humanitaire et actions ciblées, permettra d’éteindre les flammes de ce conflit dévastateur.