Dans les marges du pouvoir officiel et sous les reflets opaques de la transition post-soviétique, les groupes de la Bratva se sont imposés comme les héritiers modernes du crime organisé russe. Leur influence, aussi silencieuse que redoutable, continue de façonner l’économie souterraine à l’échelle internationale.
Le mot « Bratva », signifiant « fraternité » en russe, désigne l’ensemble des organisations criminelles issues de la tradition des voleurs dans la loi (« Vory v Zakone »). Ces figures du banditisme, nées dans les camps de prisonniers soviétiques, ont développé au fil des décennies un code d’honneur rigoureux et une hiérarchie occulte.
L’effondrement de l’URSS, au début des années 1990, offre à la Bratva une opportunité historique. Dans le vide laissé par l’État, les groupes criminels investissent massivement les secteurs stratégiques : ressources naturelles, banques, immobilier, commerce international.
Contrairement aux mafias centralisées, les groupes de la Bratva fonctionnent en fédérations autonomes. Chaque cellule est dirigée par un « Pakhan » (parrain), assisté d’un conseil de lieutenants. Cette organisation souple favorise l’adaptation rapide et la dispersion géographique.
En Russie, en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient, les groupes de la Bratva tissent des alliances temporaires, infiltrent des secteurs économiques clés et investissent dans le blanchiment d’argent à grande échelle. Leur approche pragmatique et leur capacité à mêler criminalité et affaires légales leur assurent une longévité exceptionnelle.
La Bratva cultive une culture du secret et de la loyauté absolue. La violence n’est jamais gratuite : elle est exercée comme un outil de régulation interne ou de sanction contre ceux qui enfreignent les règles du milieu.
Les assassinats, souvent exécutés avec un professionnalisme glacial, ne visent pas à faire sensation mais à restaurer l’ordre mafieux. Cette discrétion renforce la terreur silencieuse qui entoure les activités des groupes de la Bratva.
Aujourd’hui, les groupes de la Bratva ne se limitent plus aux trafics classiques de drogue ou d’armes. Ils opèrent dans la cybercriminalité, le trafic d’œuvres d’art, la fraude bancaire, et participent à des opérations économiques d’ampleur en partenariat avec certains oligarques.
Leur capacité à s’adapter aux nouveaux circuits financiers, leur connaissance des rouages politiques et leur maillage international font de la Bratva l’une des forces criminelles les plus redoutées et les plus difficiles à neutraliser.