La France a refermé le premier semestre 2025 avec un tableau en clair-obscur. Les atteintes aux personnes progressent, parfois nettement, tandis que plusieurs vols reculent. Ce bilan à douze mois glissants n’est pas un verdict définitif, mais un état des lieux utile pour garder la tête froide. Source principale : le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
Ce que montre le point d’étape
Au 30 juin 2025, onze des dix-huit indicateurs suivis par la police et la gendarmerie sont orientés à la hausse. Les progressions les plus visibles concernent les vols d’accessoires sur véhicule (+13 %), les tentatives d’homicide (+11 %) et les violences sexuelles (+10 %). À l’inverse, plusieurs vols reculent, comme les vols de véhicules (-8 %) et les cambriolages de logement (-4 %).
Atteintes aux personnes : la poussée continue
Les homicides repartent à la hausse avec 999 victimes sur la période, soit +5 % par rapport à juillet 2023-juin 2024, après une baisse l’an dernier. Les tentatives d’homicide poursuivent également leur progression (+11 %), signe d’une pression diffuse, hétérogène selon les territoires. Faut-il y voir un durcissement durable ou un rattrapage statistique ? C’est trop tôt pour trancher, mais on ne peut pas l’ignorer.
Les violences physiques enregistrées augmentent de 3 % sur un an. Dans ce bloc, les violences intrafamiliales demeurent sur une tendance haussière (+4 %), tandis que les violences hors cadre familial progressent de 2 %. Ce mouvement s’inscrit aussi dans un meilleur accueil des victimes depuis 2019, qui favorise le dépôt de plainte. En France, la statistique est donc à la fois une mesure du réel et de la capacité du système à le faire remonter.
Violences sexuelles : l’effet de fond ne faiblit pas
Les violences sexuelles enregistrées augmentent de 10 %, dont les viols et tentatives de viol de 11 %. La dynamique, enclenchée depuis 2018, se prolonge. Elle traduit un double mécanisme qui est la libération de la parole et l’amélioration de l’accueil policier et gendarmique. Selon l’enquête « Vécu et ressenti en matière de sécurité » (VRS), seule une faible part des victimes portent plainte, ce qui sous-estime l’ampleur réelle du phénomène.
Biens et patrimoines : reflux, mais pas partout
Bonne nouvelle qui doit rester mesurée. Les vols avec armes reculent de 7 %, les vols violents sans arme de 6 %, et les vols sans violence baissent légèrement (-1 %). Les cambriolages de logement diminuent de 4 %, après les hausses observées les années précédentes. Les vols liés aux véhicules dessinent un tableau plus nuancé avec les vols de véhicules et dans les véhicules baissent respectivement -8 % et -6 %, tandis que les vols d’accessoires repartent franchement à la hausse (+13 %). En clair, le patrimoine n’est pas uniformément plus exposé ; il se déplace, et les opportunités avec lui.
Stupéfiants : un activisme policier visible dans les chiffres
Les mis en cause pour usage et trafic de stupéfiants augmentent respectivement de 9 % et 14 % sur la période. Cette poussée s’explique en partie par une intensification de l’activité des forces de sécurité, notamment durant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, ainsi que par des opérations ciblées (« Place nette ») et des plans d’action départementaux. Quand l’action publique s’intensifie, les « infractions révélées par l’activité » montent mécaniquement.
Escroqueries et fraudes : moitié en ligne, tout est dit
Les escroqueries et fraudes aux moyens de paiement poursuivent leur pente ascendante (+3 %), dans le prolongement des années précédentes. Le détail qui pèse lourd est que 51 % des victimes déclarent une atteinte en ligne. En Europe comme en France, la frontière entre délinquance de rue et prédation numérique devient très poreuse.
Ce que les chiffres ne captent pas entièrement
Un indicateur statistique n’est jamais le réel. Il en est la projection la plus solide disponible. Le SSMSI rappelle qu’une part importante des victimes ne dépose pas plainte ; les enquêtes VRS servent donc de contre-champ indispensable pour estimer l’ampleur réelle des phénomènes. En résumé, lire ces chiffres, c’est accepter leur force, mais aussi leurs angles morts.
Bref, on n’est pas encore sorti de l’auberge !







