Né dans la contestation anti-nucléaire en Allemagne de l’Ouest au début des années 1980, le black bloc est devenu une tactique incontournable des manifestations violentes à travers le monde. Derrière ces blocs noirs compacts, se cache une histoire, une stratégie et une radicalité difficile à enrayer.
Le 31 janvier 1981, à Brokdorf, lors d’une manifestation contre la construction de la centrale nucléaire Kernkraftwerk Brokdorf (KKB), apparaît pour la première fois ce que l’on appellera un black bloc. Vêtus de noir, masqués pour échapper à l’identification, les militants écologistes, pacifistes et anarchistes unissent leurs forces en formant un bloc compact pour affronter les forces de l’ordre.
Dès les années 1980, cette tactique s’étend à Berlin-Ouest, notamment pour défendre les squats contre les interventions policières. Le black bloc devient alors un mode opératoire : se fondre dans la masse, frapper vite et se disperser avant d’être identifié.
Avec le temps, la stratégie du black bloc se diffuse bien au-delà des frontières allemandes. Les grandes réunions internationales comme les sommets du G8 ou du G20 deviennent des terrains privilégiés : Gênes en 2001, Heiligendamm en 2007, Toronto en 2010, Hambourg en 2017 ou encore Biarritz en 2019. Chaque fois, les mêmes images : vitrines brisées, véhicules incendiés, affrontements avec les forces de l’ordre.
Le mouvement Occupy, né en 2011 à New York pour dénoncer les inégalités économiques, voit lui aussi la formation de black blocs parmi ses manifestations. De même lors des rassemblements anti-Trump en 2016, où la radicalité est plus que jamais revendiquée.
Difficile de dater précisément l’apparition du black bloc en France. Cependant, la manifestation contre le Front National du 21 avril 2002 marque une étape significative. Depuis, le black bloc s’invite régulièrement dans les manifestations du 1er mai, les protestations contre les réformes sociales ou encore les mouvements des Gilets jaunes.
Le scénario est toujours identique : un regroupement d’individus entièrement vêtus de noir, masqués, qui s’en prennent méthodiquement aux banques, aux vitrines de grandes enseignes et à tout ce qui incarne le capitalisme et l’autorité de l’État.
Le black bloc n’est pas une organisation structurée, mais une méthode. Elle attire ceux qui veulent agir anonymement, de manière radicale, dans un monde où la violence est perçue par eux comme la dernière arme contre des systèmes jugés oppressifs.
Comprendre les racines et l’évolution du phénomène est essentiel pour adapter les réponses sécuritaires, sans tomber dans la confusion entre droit de manifester et violence organisée.