Née dans le secret des terres siciliennes, la Cosa Nostra s’est imposée comme l’une des organisations criminelles les plus puissantes et les plus redoutées du XXᵉ siècle. Sous ses dehors de loyauté et de traditions, elle a tissé une toile d’influence dont les ramifications continuent d’imprégner les sphères économiques et politiques contemporaines.
La Cosa Nostra ne surgit pas d’un simple besoin de criminalité. Elle s’enracine dans l’histoire mouvementée de la Sicile, marquée par l’absence chronique d’un État protecteur. À la fin du XIXᵉ siècle, des clans familiaux prennent le relais du pouvoir défaillant, imposant leur propre ordre par la violence, la corruption et l’omerta.
Très vite, la Cosa Nostra s’organise autour de règles strictes, d’un serment d’allégeance et d’une hiérarchie précise. La discrétion devient son armure, la brutalité son arme.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Cosa Nostra profite du chaos pour étendre son influence. En Sicile, elle infiltre l’agriculture, la construction, le transport. Aux États-Unis, elle bâtit des empires dans l’immobilier, le jeu, la drogue et la prostitution, tissant des alliances avec des acteurs politiques et économiques majeurs.
Chaque territoire conquis est verrouillé par la peur et l’argent. La force de la Cosa Nostra réside moins dans la démonstration de puissance que dans sa capacité à se rendre indispensable à l’économie locale, tout en demeurant invisible aux yeux des institutions.
À partir des années 1980, l’État italien engage une lutte sans précédent contre la pieuvre mafieuse. Les juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino incarnent ce sursaut judiciaire. Leur assassinat brutal en 1992 marque une rupture. L’opinion publique, longtemps passive, se soulève.
Des procès retentissants ébranlent la structure historique de la Cosa Nostra. Plusieurs parrains tombent, d’autres se réfugient dans l’ombre. Mais la dissolution de l’organisation reste illusoire : elle mute, se fragmente, et adapte ses méthodes pour survivre.
Aujourd’hui, la Cosa Nostra a abandonné une grande part de sa violence ostentatoire. Elle investit dans les marchés légaux, pratique la fraude financière à grande échelle et poursuit une stratégie de discrétion absolue. Moins spectaculaire, elle n’en est que plus dangereuse, infiltrant les rouages économiques avec une efficacité redoutable.
La lutte contre cette criminalité organisée exige une vigilance constante. Car la Cosa Nostra, comme toute hydre puissante, sait disparaître pour mieux renaître, là où on ne l’attend pas.