Un coup de poing filmé. Une humiliation partagée. Un « challenge » violent lancé sur TikTok.
La violence chez les jeunes ne se limite plus aux couloirs des établissements scolaires.
Elle se propage, s’amplifie, se scénarise désormais en ligne.
Les faits sont là. Selon les dernières données de la DEPP, rattachée au ministère de l’Éducation nationale, la cyberviolence s’enracine dans le quotidien des jeunes.
28 % des collégiens déclaraient en 2021-2022 avoir subi au moins une forme de cyberviolence.
Pour les lycéens, ils étaient 23 % à rapporter la même expérience l’année suivante.
Derrière ces pourcentages, ce sont des milliers de visages, des blessures invisibles, des enfances volées à coup de commentaires haineux et de vidéos humiliantes.
Ce qui inquiète davantage encore, c’est l’imbrication croissante entre réseaux sociaux et agressions physiques.
Les plateformes sont devenues des terrains de recrutement, de provocation, d’orchestration.
Rixes entre bandes organisées via Snapchat, bastons filmées pour gagner en visibilité, harcèlements collectifs fomentés sur Instagram ou WhatsApp : le numérique n’est plus un simple miroir de la violence, il en est devenu un accélérateur.
La brutalité n’est plus ponctuelle. Elle est continue, virale, permanente.
Elle s’infiltre dans les téléphones, dans les chambres, dans l’intimité même des jeunes esprits.
Et l’école, dans tout cela ?
Bien souvent dépassée, peu formée, rarement soutenue.
Les enseignants, les conseillers principaux d’éducation, les chefs d’établissement alertent depuis des années. Ils témoignent d’une montée de la violence numérique, sans que les réponses institutionnelles ne suivent avec la rapidité et la force nécessaires.
Sans un sursaut collectif, éducatif, politique et parental, la violence numérique continuera à se transformer en drames bien réels.
Peut-on encore protéger nos enfants dans un monde où la violence est likée, partagée, valorisée ?
Face à un phénomène aussi massif, aussi destructeur, il ne suffit plus d’indigner.
Il faut agir, avec lucidité et courage.
La protection de l’enfance ne se joue plus seulement dans les salles de classe.
Elle commence aussi dans les téléphones portables.
Dans les réseaux sociaux.
Et dans la manière dont notre société choisira, ou non, de fixer des limites à l’indicible.