Bachar el-Assad : Du médecin ophtalmologue au président d’un État en guerre
Origines et jeunesse
Bachar Hafez el-Assad est né le 11 septembre 1965 à Damas, en Syrie. Fils du président Hafez el-Assad, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant près de trois décennies, et d’Anisa Makhlouf, issue d’une puissante famille alaouite, il grandit dans un environnement marqué par le pouvoir et la politique. Cependant, Bachar n’était pas destiné à succéder à son père : c’était son frère aîné, Bassel, qui était préparé pour cette mission, jusqu’à son décès dans un accident de voiture en 1994.
Après des études secondaires à Damas, Bachar s’oriente vers la médecine. Il poursuit sa formation en ophtalmologie à Londres, où il mène une vie discrète, loin des cercles politiques syriens. Mais, la disparition de Bassel change radicalement son destin : il est rappelé en Syrie et préparé pour devenir l’héritier du régime.
L’accession au pouvoir
À la mort de son père en juin 2000, Bachar el-Assad est propulsé à la tête de la Syrie à l’âge de 34 ans, après une révision express de la Constitution pour abaisser l’âge minimum requis pour la présidence. Présenté comme un réformateur, il suscite l’espoir d’une ouverture politique et économique dans un pays figé par des décennies d’autoritarisme.
Les premières années de son mandat, souvent appelées le « Printemps de Damas », sont marquées par des réformes modestes et des promesses de modernisation. Mais cet élan est rapidement réprimé, et le régime retourne à des méthodes de contrôle autoritaire, renforçant son emprise sur les institutions et éliminant les dissidents.
Un dirigeant face à une guerre civile
Le tournant majeur de sa présidence survient en 2011, avec le déclenchement des révoltes du Printemps arabe en Syrie. Ce qui commence comme des manifestations pacifiques pour réclamer des réformes se transforme en une guerre civile sanglante. Bachar el-Assad réagit par une répression brutale, marquée par l’utilisation de la force militaire, y compris des armes chimiques, selon plusieurs rapports internationaux.
La guerre en Syrie attire rapidement des acteurs internationaux : des groupes djihadistes comme l’État islamique, des puissances régionales comme l’Iran et la Turquie, et des grandes puissances comme les États-Unis et la Russie. Avec le soutien militaire crucial de la Russie et de l’Iran, Bachar el-Assad parvient à conserver son pouvoir, malgré la destruction massive du pays et un bilan humain tragique.
Un dirigeant controversé sur la scène internationale
Malgré son isolement diplomatique durant une grande partie de la guerre, il a récemment amorcé un retour sur la scène internationale, avec la normalisation de ses relations avec certains pays arabes, notamment grâce à la médiation de la Russie et de la Chine.
Une fortune cachée et des zones d’ombre
Les finances de la famille Assad restent un sujet opaque. Selon plusieurs enquêtes, le clan Assad disposerait d’une fortune colossale accumulée grâce à un système de corruption généralisé. Des sanctions internationales ont été imposées à Bachar et à son entourage, gelant leurs avoirs dans de nombreux pays et limitant leurs déplacements.
Un profil psychologique complexe
Bachar el-Assad est souvent décrit comme un homme énigmatique et calculateur. Sa formation en médecine et son expérience à l’étranger contrastent avec son image de dirigeant impitoyable. Il se présente comme un patriote défendant son pays contre le terrorisme. Cependant, sa capacité à utiliser une violence extrême et à prendre des décisions stratégiques froides soulignent une personnalité pragmatique, voire machiavélique.
Pour certains analystes, il incarne un mélange de rigidité idéologique, hérité de son père, et d’adaptabilité stratégique, lui permettant de naviguer dans des crises sans précédent.
Un symbole de division
Bachar el-Assad est aujourd’hui une figure profondément complexe. Pour ses soutiens, il est le rempart contre le chaos et l’extrémisme islamiste. Pour ses opposants, il est le symbole d’un régime qui a sacrifié son peuple pour rester au pouvoir. Quoi qu’il en soit, son héritage sera marqué par la destruction d’une grande partie de la Syrie et par les débats sur les limites de l’intervention internationale face aux crimes d’un État souverain.