Face à la montée incessante des violences, la question n’est plus de savoir si notre société vacille, mais pourquoi elle a laissé se creuser ce gouffre. Le constat est sévère, et les responsabilités sont multiples.
Depuis des décennies, les décisions publiques s’enchaînent, souvent dictées par l’urgence électorale plus que par une vision à long terme. Trop souvent, la sécurité et la justice ont été instrumentalisées, devenant des slogans plutôt que des priorités véritables. Pendant ce temps, la réalité du terrain s’est dégradée.
À force de reléguer l’éducation au second plan, nous avons fabriqué des générations désarmées face aux exigences du vivre-ensemble. L’école aurait dû être ce rempart contre la violence et l’exclusion. Elle est restée trop longtemps un vœu pieux dans les discours, sans jamais bénéficier des réformes et des moyens à la hauteur des enjeux.
Depuis des décennies, nos forces de l’ordre courent après un train qu’elles ne parviennent plus à rattraper. Faute d’effectifs suffisants, de moyens adaptés et de soutien politique indéfectible, policiers et gendarmes tentent d’éteindre des incendies toujours plus nombreux, sans jamais pouvoir traiter les causes profondes de ces violences.
Multiplier les lois n’a jamais suffi à rétablir l’ordre si elles ne sont pas strictement appliquées. De la même manière, accumuler les plans et les promesses sans une mise en œuvre concrète et rigoureuse n’a fait qu’aggraver la perte de crédibilité des institutions.
À vouloir croire que la paix s’impose naturellement, nous avons laissé des ghettos se former aux marges de nos villes. Ces territoires abandonnés sont devenus des foyers d’exclusion, de trafics et de violences. Reconnaître cet échec est une première étape indispensable pour reconstruire.
La sécurité et la justice ne devraient jamais être laissées aux mains de ceux qui ne font que passer, en quête d’une carrière. Ces sujets exigent une vision, une continuité et un courage politique hors du commun. Car le prix du laxisme, nous le payons désormais au quotidien.
Nous n’avons pas voulu regarder la réalité en face. Nous avons semé l’aveuglement, la complaisance, la fragmentation sociale. Aujourd’hui, nous en récoltons les fruits amers.
Il faut saluer le courage de ceux qui, jour après jour, tentent de contenir l’inacceptable : policiers, gendarmes, pompiers et tous les acteurs du terrain. Ils vident l’océan de la violence avec une petite cuillère, mais ils tiennent, malgré tout.