En quelques semaines, une enquête pilotée par le parquet de Marseille et conduite par la gendarmerie met à nu un mécanisme bien rodé qui consiste à convertir des liasses issues des stupéfiants en lingots d’or, puis faire sortir la valeur hors d’Europe. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, la méthode aussi. Récit au présent, pour dire l’urgence.
Un convoi qui trahit la mécanique
Le 7 septembre 2025, une anomalie relevée sur un convoi venu d’Italie et filant vers l’Espagne déclenche la manœuvre. La surveillance se resserre, les véhicules sont stoppés, puis les interpellations s’enchaînent. Sept personnes sont placées en garde à vue. Dans les caches, les enquêteurs retrouvent ce que les blanchisseurs préfèrent aux billets froissés à savoir cinquante-cinq kilos d’or fin et plus de 2,4 millions d’euros en numéraire. Près de huit millions gelés net, selon le parquet de Marseille.
Un deuxième temps, même précision
Les jours suivants, le dispositif ne faiblit pas. Le 23 septembre, une nouvelle salve d’interpellations a lieu à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône et en Italie. La gendarmerie confirme les volumes saisis et la montée en puissance des moyens. Des unités spécialisées se joignent à l’opération et, entre autres le GIGN.
La chaîne du cash à l’or
Le schéma des narcotrafiquants est éprouvé et tient en quatre mouvements. Collectes régulières d’espèces issues du trafic. Transferts routiers vers l’Italie. Conversion en métal précieux. Exfiltration discrète vers les Balkans, puis la Turquie. L’intérêt criminel est double à savoir densifier la valeur et réduire la traçabilité à la revente. Ici, la chaîne cède au point le plus sensible, au moment précis où l’argent devient or.
La coopération qui ouvre la faille
L’enquête repose sur une équipe commune avec la Guardia di Finanza, appuyée par Eurojust et Europol pour le renseignement criminel et la synchronisation judiciaire. Les horloges s’alignent, les perquisitions se répondent d’un pays à l’autre, les gels patrimoniaux gagnent en portée. Une mécanique désormais familière dans les dossiers de criminalité organisée et cette fois encore, payante.
Frapper au portefeuille, la leçon opérationnelle
Le blanchiment n’est pas un appendice du trafic, mais son système sanguin. À l’échelle mondiale, il pèse plusieurs points de PIB et, quand la lessiveuse financière se grippe, les flux ralentissent, l’ostentation recule et les façades s’effritent. En immobilisant l’or et le cash, l’opération marseillaise frappe là où les réseaux respirent.
Magistrats et gendarmes, même exigence
Le parquet de Marseille tient la conduite judiciaire. Les unités d’enquête exécutent proprement, sans faux pas, avec une coordination d’ingénieur. Les résultats sont tangibles avec des saisies lourdes, des flux interrompus et des actifs immobilisés. Moins de bruit, plus d’impact. Une démonstration de constance plus que de pyrotechnie.







