Dans l’immensité brûlante du Sahel, Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) incarne la mutation du djihadisme contemporain. Par une stratégie d’unification et un enracinement profond dans les dynamiques locales, le groupe est devenu l’un des principaux foyers d’instabilité en Afrique de l’Ouest.

Une création par fusion tactique

Le JNIM voit le jour en mars 2017, à la suite de la fusion de plusieurs groupes djihadistes opérant au Mali et dans la région sahélienne : Ansar Dine, Al-Mourabitoun, la Katiba Macina et la branche sahélienne d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Sous la direction d’Iyad Ag Ghaly, figure touareg aguerrie, le mouvement affirme son allégeance à Al-Qaïda.

Cette fusion stratégique vise à unifier les forces dispersées du djihad sahélien, afin d’accroître leur efficacité militaire, leur portée idéologique et leur capacité de résilience face aux opérations militaires internationales.

Une stratégie d’ancrage local et de guerre d’usure

Contrairement aux groupes cherchant un contrôle territorial immédiat, le JNIM adopte une approche plus subtile : infiltration progressive des communautés locales, exploitation des conflits interethniques, instauration de mécanismes de justice parallèle.

Le groupe pratique une guerre d’usure : embuscades, attentats-suicides, pose d’engins explosifs improvisés. Cette stratégie vise à harceler les forces armées nationales et étrangères, à épuiser leur volonté politique et à miner progressivement l’autorité des États sahéliens.

Une alliance fluctuante avec les populations

Le succès du JNIM repose en partie sur sa capacité à apparaître, aux yeux de certaines communautés rurales abandonnées par les gouvernements centraux, comme un protecteur ou un recours face aux exactions militaires et à l’absence de services publics.

Cette dynamique d’instrumentalisation du mécontentement social permet au groupe d’élargir son influence, en particulier au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où il s’impose comme un acteur incontournable du paysage sécuritaire.

Une menace en expansion malgré la pression militaire

Les opérations militaires internationales, notamment Barkhane et Takuba, ont infligé des pertes au JNIM. Toutefois, le groupe s’adapte avec agilité : il se disperse en petites unités mobiles, multiplie les alliances locales opportunistes et élargit ses zones d’action vers le golfe de Guinée.

Le JNIM illustre ainsi l’évolution du djihadisme : moins fondé sur l’établissement d’un califat territorial que sur l’érosion méthodique des États fragiles, par une combinaison d’actions militaires, politiques et sociales.