Au carrefour des conflits les plus instables du monde, la Province du Khorasan de l’État islamique (EI-K) a surgi comme un acteur imprévisible et brutal. Dans les montagnes et vallées du grand Khorasan historique, une nouvelle génération de djihadistes impose sa marque de violence, redessinant la cartographie de la menace mondiale.

Une naissance dans les décombres de la guerre

EI-K voit le jour en janvier 2015, lorsqu’une faction dissidente des talibans pakistanais prête allégeance à l’État islamique. Le choix du nom « Khorasan » n’est pas anodin : il évoque un territoire ancien, recouvrant l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran et l’Asie centrale, dans une volonté affichée d’enracinement historique et idéologique.

Rapidement, EI-K attire à lui des combattants déçus par les stratégies plus nationales des talibans ou séduits par l’extrémisme brutal de l’État islamique. Le groupe prend racine principalement dans les provinces afghanes du Nangarhar et du Kunar, où il construit ses premières bases.

Une stratégie du chaos absolu

À la différence des talibans, EI-K ne cherche pas à gouverner selon un ordre politique national. Son but est plus radical : semer la terreur, provoquer l’effondrement des institutions, frapper indistinctement civils et autorités.

Attentats-suicides, assassinats de minorités religieuses, attaques contre les forces internationales et les ONG : la stratégie d’EI-K est d’une violence froide et indiscriminée. Elle vise à s’imposer par l’effroi dans une région déjà fragilisée par des décennies de guerre.

Une menace transnationale en expansion

Si ses bases restent concentrées en Afghanistan, EI-K a progressivement étendu son influence. Des cellules sont actives au Pakistan, au Tadjikistan et jusque dans certaines régions de l’Iran. Le groupe revendique également plusieurs attentats spectaculaires hors de ses frontières, notamment l’attaque sanglante de l’aéroport de Kaboul en août 2021.

EI-K n’hésite pas à se confronter aux talibans eux-mêmes, contestant leur autorité et leur légitimité religieuse. Ce conflit entre deux visions du djihadisme transforme l’Afghanistan en un terrain de compétition violente entre groupes extrémistes.

Une organisation mutante face aux défis

Sous la pression des opérations militaires américaines, afghanes puis talibanes, EI-K a connu des pertes sévères. Pourtant, son aptitude à se reconfigurer rapidement en petites unités mobiles le rend extrêmement difficile à éradiquer.

En adoptant une structure souple et en renouvelant constamment ses cadres, le groupe démontre une capacité d’adaptation inquiétante. Son existence témoigne d’une réalité durable : l’effondrement d’un État laisse toujours place à de nouvelles formes de radicalisme, plus insaisissables et souvent plus violentes.