Dans l’ombre des grandes métropoles brésiliennes, le Primeiro Comando da Capital (PCC) a patiemment construit un pouvoir criminel inédit. Né dans les entrailles du système carcéral, il incarne une mutation profonde du crime organisé : plus structuré, plus pragmatique, et étonnamment rationnel dans sa violence.

L’émergence d’une organisation née derrière les barreaux

Le PCC voit le jour en 1993, au sein de la prison de Taubaté, dans l’État de São Paulo. Fondé par huit détenus, son objectif initial est simple : protéger ses membres face aux brutalités carcérales et aux abus des autorités. Très vite, cependant, il dépasse ce cadre pour devenir une véritable force organisée, revendiquant l’amélioration des conditions de détention et la lutte contre l’oppression policière.

Sous l’apparente solidarité naît une machine puissante, fondée sur des règles strictes, un code d’honneur et une capacité redoutable à organiser la violence collective.

L’expansion discrète d’une économie parallèle

À partir des années 2000, le PCC franchit les murs des prisons pour investir les rues. Il structure ses activités autour du trafic de drogue, du racket, des enlèvements et du blanchiment d’argent. Sa spécificité : éviter autant que possible les confrontations frontales, préférant l’intelligence économique à la guerre ouverte.

En contrôlant les routes commerciales entre le Brésil, le Paraguay et la Bolivie, le PCC devient l’un des principaux exportateurs de cocaïne vers l’Europe et l’Afrique. Il impose ses règles non par le chaos, mais par une logique d’ordre : respect des contrats, exécutions ciblées, sanctions économiques contre les déviants.

Une gouvernance criminelle méthodique

Le PCC fonctionne sur un modèle quasi-corporatif. Chaque membre verse une cotisation mensuelle, appelée « contribuição », utilisée pour financer les activités du groupe et venir en aide aux familles des détenus. Cette logique de solidarité interne renforce la loyauté et structure l’organisation sur des bases durables.

Contrairement aux cartels mexicains, le PCC privilégie la discrétion. Il infiltre la sphère politique locale, finance des campagnes électorales, corrompt des fonctionnaires, tout en maintenant un discours quasi-politique sur la « justice sociale » au sein des communautés marginalisées.

Une menace durable et évolutive

Aujourd’hui, le Primeiro Comando da Capital contrôle une large part des prisons brésiliennes et étend son influence dans toute l’Amérique du Sud. Sa capacité d’adaptation, son modèle économique solide et sa stratégie d’expansion silencieuse font du PCC l’une des organisations criminelles les plus résilientes de notre époque.

La lutte contre cette structure est complexe. Elle nécessite bien plus qu’une réponse sécuritaire : elle impose une réforme profonde des systèmes judiciaires, pénitentiaires et sociaux.