Je déteste cette époque où le mensonge, la malhonnêteté, la brutalité à tout prix, la méchanceté sans fard et la violence gratuite règnent en maîtres tout-puissants. Il ne s’agit pas de céder à la nostalgie en prétendant que « c’était mieux avant », mais il faut reconnaître qu’autrefois, ceux qui adoptaient ces comportements avaient au moins la décence de le faire avec discrétion.

Aujourd’hui, ces travers ne sont dissimulés : ils sont revendiqués, glorifiés et parfois même récompensés.

Toutes les digues ont volé en éclats. La réécriture de l’histoire, même récente, n’est plus un problème. Les faits sont détournés sans scrupules, les mensonges assumés avec aplomb, et la vérité elle-même devient une variable d’ajustement pour certains. Ce que l’on appelait jadis la manipulation est désormais une compétence stratégique, une manière de « gagner » plutôt que de convaincre. La post-vérité est devenue une norme, où l’émotion prime sur les faits, et où chacun construit sa propre réalité en fonction de ses intérêts.

Je déteste cette époque, non seulement pour ce qu’elle est, mais surtout pour ce qu’elle laisse présager. Un jour viendra où je devrais léguer à mes enfants un monde en lambeaux, marqué plus que jamais par le cynisme, l’individualisme et le « chacun pour soi et Dieu pour tous ». Quelle société leur offrirons-nous si nous continuons à ériger en modèles ceux qui prospèrent par la tromperie et la violence ?

J’ai honte, d’une certaine manière, d’avoir participé – consciemment ou non – à cette vaste mascarade. Chaque jour, cette dérive prend une tournure de plus en plus dramatique, voire délirante. Sommes-nous en train de glisser vers un point de non-retour ? Ou avons-nous encore le pouvoir d’inverser cette tendance ?

Je ne prétends pas avoir de solution immédiate. Mais, une chose est certaine : je ne veux pas rester spectateur de cette décadence. Il est temps de réfléchir, d’agir, de redonner du sens à nos valeurs. Comment ? Je vais sérieusement me poser la question, et cette fois, je ne me contenterai pas d’observer.