La chute de Bachar el-Assad : Une Régionalisation de l’incertitude

Après des années de conflit sanglant, le régime de Bachar el-Assad en Syrie s’est effondré, laissant un vide politique rapidement comblé par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), également connu sous le nom d’« Organisation de libération du Levant ».

Ce groupe islamiste, mené par Abou Mohammed al-Joulani, ancien chef du Front al-Nosra affilié à al-Qaïda, s’affirme comme la nouvelle force dominante dans la région. Mais cette transition soulève des questions inquiétantes quant à la stabilité régionale et mondiale.

Avec pour ambition déclarée d’établir un califat en Syrie HTS s’inscrit dans une vision idéologique radicale qui floute dangereusement la frontière entre islamisme et djihadisme. Si le régime autoritaire de Bachar el-Assad a longtemps incarné une forme de tyrannie brutale, sa chute ne garantit en rien une amélioration de la situation. Le risque, évident, est qu’un « monstre » en remplace un autre.

Un contexte explosif

La montée en puissance de HTS n’est pas qu’un simple bouleversement local. Elle symbolise une fragmentation accrue du Moyen-Orient, où les alliances traditionnelles sont mises à mal et où de nouveaux acteurs, étatiques ou non, redéfinissent les rapports de force. Avec la chute d’Assad, les puissances internationales, déjà profondément impliquées dans le conflit syrien, devront composer avec une réalité encore plus complexe.

En effet, la région est plongée dans une instabilité chronique, exacerbée par des rivalités confessionnelles, des luttes d’influence entre puissances étrangères, et une prolifération d’acteurs armés non étatiques. Dans ce paysage, l’émergence d’un groupe comme HTS pourrait bien catalyser de nouvelles vagues de violences, au-delà des frontières syriennes.

Une menace mondiale

Le potentiel de déstabilisation de HTS dépasse largement le cadre régional. À l’instar de l’État islamique à son apogée, ce groupe pourrait devenir un foyer d’attraction pour les combattants étrangers, servant de base à des opérations terroristes globales. La dynamique actuelle en Syrie offre donc un terrain fertile pour une résurgence du terrorisme international, menaçant directement la sécurité des nations bien au-delà du Levant.

Entre incertitudes et espoirs

Si la chute d’un régime autoritaire comme celui d’Assad peut être perçue comme une opportunité de changement, elle s’accompagne inévitablement de nombreuses inconnues. Qui comblera le vide laissé par son départ ? HTS peut-il réellement maintenir une cohésion dans un pays fracturé par une décennie de guerre ? Et, quelles seront les conséquences pour les acteurs internationaux engagés en Syrie, qu’il s’agisse de la Russie, des États-Unis, ou des puissances européennes et régionales ?

Dans ce contexte, il est essentiel de rester lucide. Le remplacement d’un pouvoir par un autre ne garantit pas une stabilité durable, encore moins une paix juste. Alors que la Syrie entre dans une nouvelle phase de son histoire, une seule certitude demeure : le chemin vers une sécurité régionale et mondiale est encore long et semé d’embûches.