Combien faudra-t-il de marches blanches, combien de membres brisés et d’esprits déchirés, combien de familles écartelées par la douleur pour que ceux qui nous gouvernent comprennent enfin que cela fait bien trop longtemps qu’ils abordent le problème à l’envers ?
Les discours et autres mesures superficielles sous les feux des projecteurs ne suffisent plus pour garantir la sécurité de nos concitoyens. Pensez-vous réellement qu’un couvre-feu de deux mois à Pointe-à-Pitre pour tous les mineurs va régler les problèmes de sécurité sur cette magnifique île ? Pensez-vous vraiment que la révision de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs changera quoi que ce soit à la situation ? Etc.
Cela fait des décennies que nos politiques tentent vainement de s’attaquer aux effets de l’insécurité sans jamais travailler sur les causes de ce mal endémique. Apaiser une douleur est une chose ; comprendre et identifier les causes de cette douleur pour l’annihiler ou, du moins, la contrôler en est une tout autre.
Les moyens de prévention de la délinquance sont en lambeaux, et ils incluent : programmes éducatifs et de sensibilisation, amélioration de l’environnement urbain, présence permanente et ciblée des forces de sécurité intérieure, programmes de médiation, soutien familial, assistance psychologique, etc. A titre d’exemple, la France compte 900 médecins scolaires pour 12 millions d’élèves, soit un médecin pour 13 333 élèves. Obtenir un rendez-vous avec un pédopsychiatre est aujourd’hui un véritable exploit, souvent impossible à réaliser avant plusieurs mois.
Si les moyens de prévention de la délinquance sont en lambeaux, les moyens de répression, eux, sont à l’agonie. Suite à un drame dans un quartier, l’envoi de telle ou telle compagnie de CRS ou de gendarmes mobiles n’est finalement qu’un pansement sur une jambe de bois. En effet, reconquérir des quartiers entiers demande de la méthode et, plus que tout, du temps. Les opérations de place nette XXL ne sont que de la communication, car tout professionnel de la sécurité publique sait pertinemment que ce type d’opération ne représente finalement que des coups d’épée dans l’eau.
En décembre 2023, la population carcérale en France s’établissait à plus de 75 000 personnes pour un peu plus de 61 000 places opérationnelles, soit un déficit de 14 000 places. Sans compter les plus de 16 000 personnes non détenues faisant l’objet d’un placement sous bracelet électronique ou à l’extérieur. Et nul besoin de parler des manques criants de la justice.
La sécurité publique a toujours été une question d’équilibre entre prévention, répression et réinsertion, et hélas, cet équilibre est rompu depuis bien longtemps.
Alors, Mesdames et Messieurs les membres de l’exécutif et autres politiques, arrêtez de communiquer et agissez, car votre bilan est catastrophique.