Gérer un risque, et a fortiori une menace, est un exercice qui exige une véritable prise de hauteur. Pour illustrer mes propos, je vais prendre comme exemple l’organisation des futurs Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) qui se dérouleront à Paris du 26 juillet au 11 août 2024.
Pour les JOP 2024, un événement attire toutes les attentions : la cérémonie d’ouverture qui se déroulera sur la Seine sur un parcours total d’environ 13 kilomètres. Pour de nombreux observateurs, une telle organisation constitue un véritable défi en matière de sécurité. Et c’est là que le bât blesse, car en termes de sécurité/sûreté, « les défis » n’ont pas leur place (ou très rarement). Certes, le préfet de Police de Paris et l’État français déploieront toutes les forces de sécurité pour que cette cérémonie se déroule dans les meilleures conditions. Néanmoins, le contexte international, les appels d’organisations variées à perturber les JOP, ainsi que la menace terroriste, qu’elle soit endogène ou exogène, compliquent grandement la situation.
Fiers comme Artaban, les responsables politiques affirment à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas de plan B pour cette cérémonie d’ouverture.
Toutefois, en matière d’analyse de risque, plusieurs paramètres doivent être pris en compte :
1. Le premier est qu’il existe des risques acceptables et d’autres inacceptables.
2. Le second est que le pire finit toujours par se matérialiser.
3. Enfin, l’anticipation a ses propres limites.
De manière très factuelle, l’objectif d’une analyse de risques est de mesurer un niveau de criticité qui s’obtient en multipliant un niveau de probabilité du risque identifié et une gravité en cas de matérialisation. En fonction de ce niveau de criticité, des mesures sont prises afin d’abaisser la probabilité et la gravité.
En l’espèce, plusieurs problèmes se posent. Tout d’abord, il est incorrect de parler de risques, car nous devrions parler de menaces. En effet, il ne fait aucun doute qu’ils sont nombreux ceux qui cherchent aujourd’hui à imaginer comment perturber pacifiquement ou violemment une telle cérémonie et atteindre ainsi des milliards de téléspectateurs.
Ceci étant dit, la probabilité d’une perturbation est à son niveau le plus élevé, malgré les mesures qui seront prises. En ce qui concerne la gravité, la moindre perturbation de cette cérémonie altérera l’image de la France, car les observateurs ne manqueront pas de souligner que la situation aurait pu être bien plus grave. Dans le cas d’une action violente à l’encontre des athlètes, la situation serait difficilement supportable d’un point de vue humain et diplomatique.
Enfin, qu’en est-il d’une action terroriste à quelques jours de l’ouverture des JOP ? Il est peu probable que les athlètes soient enclins à défiler sur la Seine.
La raison voudrait que le comité d’organisation assume un plan B, car il est difficile de prévoir l’évolution de la situation en juillet 2024.