Le terme « sentiment de sécurité » est apparu dans les années 90 pour expliquer une situation sécuritaire difficilement maîtrisable par les locataires de la place Beauvau. Malheureusement, ce sentiment n’a cessé de croître, occupant quotidiennement l’espace médiatique.
Les explications de cette situation reposent en partie sur les chiffres des délits et crimes en France.
Entre 2016 et novembre 2023, l’évolution des délits et des crimes est la suivante (sources SSMI) :
1. Homicides (y compris coups et blessures volontaires suivis de mort) : +19,49% ⬆️
2. Coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus) : +53,89% ⬆️
3. Violences sexuelles : +118,49% ⬆️
4. Vols avec armes (armes à feu, armes blanches ou par destination) : -30,16%
5. Vols violents sans arme : -47,12%
6. Vols sans violence contre des personnes : -17,52%
7. Cambriolages de logement : -18,65%
8. Vols de véhicules : -22,76%
9. Vols dans les véhicules : -13,77%
10. Vols d’accessoires sur véhicules : -20,48%
11. Destructions et dégradations volontaires : +22,37% ⬆️
12. Usage de stupéfiants : +21,26% ⬆️
13. Trafic de stupéfiants : +3,83% ⬆️
14. Escroqueries : +37,27% ⬆️
Ce sont les chiffres concernant les homicides, les coups et blessures volontaires, la destruction volontaire et les escroqueries qui contribuent à exacerber ce sentiment d’insécurité, touchant des personnes de toutes les classes sociales.
L’arrivée des réseaux sociaux et des chaînes d’information en continu a amplifié la visibilité des phénomènes délictueux ou criminels. En effet, il y a 30 ans, de nombreux incidents comme l’homicide du jeune Thomas à Crépol n’auraient pas été aussi médiatisés et certains d’entre nous n’auraient pas eu accès à cette information.
Paradoxe de cette situation, il doit être signalé qu’entre 1993 et 2023, le taux d’homicides pour 100 000 habitants a été divisé par deux et qu’il est bien moins dangereux de vivre en France en 2023 qu’en 1946.
En matière de sécurité, la question n’est plus simplement une affaire de chiffres, mais d’acceptabilité des délits et des crimes. Les Français sont mieux informés, et les faits autrefois acceptables dans l’obscurité ne le sont plus dans un monde où l’information circule rapidement.
Ce n’est pas le ministère de l’Intérieur, mais celui de la Justice qui peut mettre fin au sentiment d’insécurité en France. Une justice équitable, ferme et capable de faire respecter les lois pour toutes les couches de la société gommera le sentiment d’injustice ressentit aujourd’hui par une très grande majorité des Français.
Ce sentiment que nous nommons aujourd’hui sentiment d’insécurité est largement amplifié par un sentiment d’injustice croissant. En effet les Français ont bien compris que la chaine pénale était totalement disloquée. Ils n’acceptent plus que les policiers et gendarmes attrapent des délinquants et que Thémis ne fassent pas son œuvre avec célérité et fermeté.