Pourquoi sommes-nous incapables d’anticiper les crises ?
Deux composantes rentrent en ligne de compte : le temps et l’argent. Les dirigeants, qu’ils évoluent dans le public ou le privé, agissent dans un temps court et doivent par conséquent produire des résultats les plus tangibles possibles.
Par exemple, que penseraient des actionnaires d’un grand groupe pharmaceutique dont le président-directeur général déciderait de consacrer 70 % des bénéfices à la réindustrialisation sur les dix prochaines années afin d’éviter des problèmes de production ? La réponse est simple, son initiative serait saluée dans un premier temps et notamment en phase de crise, puis il se ferait virer.
Que penser d’un président d’un état démocratique dont la feuille de route face à des risques pouvant toucher des domaines tels que l’éducation, la sécurité, la défense, la santé, etc. consisterait à dessiner le futur avec une échéance à 10 ou 20 ans alors qu’il a été élu pour 4 ou 5 ans ? Il se ferait lui aussi virer.
La seule vertu des crises est de permettre à toutes les formes d’opposition d’exister. En effet, il est toujours plus simple de faire des propositions en mode réactif que sur le mode préventif. Le mode préventif n’est jamais productif et la prévention n’est pour beaucoup qu’une source de dépenses qui vient amputer un résultat financier.
Pour tous ceux qui voudraient anticiper des crises, il est important de garder à l’esprit que le mode réactif coûte bien plus cher que le mode préventif. Le problème est que la prévention n’est jamais une source de profits à court terme et en plus demande du temps.