Les ministres des Sports et de l’Intérieur se sont évertués hier lors de leur conférence de presse à expliquer les incidents qui ont eu lieu au stade de France lors de la finale de la ligue des champions opposant le Real de Madrid à Liverpool. Les deux ministres ont égrainé les multiples causes qui ont conduit à ce que nos voisins européens qualifient unanimement de « Fiasco ». Il est vrai que les causes de ce désastre en termes d’image pour la France sont multiples : la grève du RER B, des faux billets, semble-t-il, en pagaille, des jeunes désireux de ne pas louper une telle aubaine, des agents de sécurité dépassés par les évènements, des forces de l’ordre qui savent rétablir l’ordre en utilisant les moyens à leur disposition et en appliquant une doctrine « parfaitement » rodée pour des manifestations violentes, un délai de 3 mois pour préparer la sécurisation de l’évènement versus plus d’an normalement, etc.
Une règle d’or en matière de sécurité est l’anticipation et pour anticiper, il y a une question qui est essentielle à se poser. Cette question est « Et si… » : Et si l’un ou plusieurs des RER ou métros étaient en panne… Et si des terroristes bardés d’explosifs se faisaient exploser dans une foule compacte avant le premier filtrage… Et si des voyous des banlieues avoisinantes venaient semer le trouble… Et si les portiques de contrôles du SDF étaient hors service du fait d’une cyberattaque… Et si un essaim de drones kamikazes venaient à s’abattre sur le stade… Etc.
Le propre de toute stratégie de sécurité est d’être en mesure d’imaginer l’inimaginable, et ce en prenant en compte la loi de l’emmerdement maximum dite loi de Murphy. L’autre levier en matière de sécurité publique repose sur le renseignement avant et pendant l’évènement. En effet, les renseignements sont une composante incontournable de l’anticipation, car ils permettent de s’adapter, étant entendu qu’une stratégie n’est jamais gravée dans le marbre, mais doit être au contraire être à géométrie variable.
Le résultat de cette soirée à l’écho planétaire est sans appel pour le ministre de l’Intérieur et pour le préfet de police puisque le score a été de zéro mort et zéro blessé grave. Mais ce score aurait pu, hélas, être tout autre sans un facteur chance qui s’était bel et bien invité à cette soirée. La chance est un facteur essentiel en matière de sécurité, le seul problème est que ce facteur n’est absolument pas fiable et doit être par conséquent écarté.
Pour la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, je vais poser quelques éléments de l’équation à résoudre : 600 000 spectateurs massés en bord de Seine pour la cérémonie d’ouverture, 160 bateaux 10 500 sportifs, 120 chefs d’État, 13 millions de spectateurs, une menace terroriste omniprésente, un manque de 25 000 agents de sécurité, des budgets en berne, des cyberattaques et des perturbateur de tout poil qui seront de la partie, etc.
Bon courage.