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La guerre de l’information : un champ de bataille sans bruit

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On ne la voit pas et on ne l’entend pas non plus. Pourtant, elle est là, omniprésente et lourde de conséquences. La guerre de l’information ne ressemble pas aux conflits classiques, car il n’y a pas de blindés, pas de tirs, seulement une bataille feutrée qui se joue dans nos esprits.

Des récits qui frappent plus fort que les balles

Ici, les armes ne sont pas des obus, mais des mots, des images, des vidéos et des histoires. Trois leviers permettent de conduire cette guerre. Il y a, tout d’abord, la désinformation qui consiste à brouiller les repères et à tromper délibérément. Ensuite, il y a la propagande, qui cherche à orienter l’opinion dans une direction extrêmement précise. Enfin, nous trouvons les opérations psychologiques, dont l’un des objectifs est de miner la confiance collective.
Rien de nouveau sur le principe, car au XXe siècle déjà, on connaissait l’efficacité de ces approches, mais, avec la puissance du numérique, ces approches ont pris une dimension inédite.

L’Europe en première ligne

Une enquête Eurobaromètre menée par la Commission européenne en 2022 révélait que plus d’un Européen sur deux s’estime déjà exposé à des contenus manipulés en ligne. Autrement dit, la moitié de la population du continent considère avoir été confrontée à de fausses informations. Aucune frontière n’est épargnée et le phénomène circule aussi vite que les réseaux sociaux le permettent, brouillant sans cesse les lignes entre faits, opinions et rumeurs.

Quand l’OTAN parle de guerre

À Riga, le Centre d’excellence pour la communication stratégique de l’OTAN (StratCom COE) tire également la sonnette d’alarme puisque l’information n’est plus périphérique, elle fait désormais partie intégrante des doctrines militaires. Dans ses rapports, l’Alliance décrit clairement l’usage de l’information comme une arme, conçue pour influencer les décisions, altérer la perception et saper la confiance des sociétés.

Un jeu qui dépasse les États

Longtemps cantonnée aux rivalités entre États, cette guerre immatérielle déborde aujourd’hui sur de nouveaux terrains à savoir, les entreprises, les marchés et les citoyens que nous sommes, autrement dit : plus personne n’est à l’abri. À l’heure où les intelligences artificielles génératives accélèrent la diffusion de contenus, une simple campagne de désinformation bien montée peut suffire à fissurer une cohésion sociale ou à déstabiliser une économie locale.

Une question de survie démocratique

Comment tenir ? Dans un monde saturé d’informations, celui qui impose son récit impose en partie sa vision du réel. Les démocraties doivent donc avancer sur une ligne de crête et tout mettre en œuvre pour préserver la liberté d’expression et de débat tout en renforçant leur résistance aux offensives informationnelles.
Le bruit des armes s’estompe peut-être, mais le vacarme numérique, lui, peut se révéler tout aussi dangereux.

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