On chiffre ce qu’on dépense, mais jamais ce qu’on ne fait pas. Et pourtant, l’inaction sécuritaire a un prix, et ce prix est très lourd et toujours ignoré. Une chose est certaine : il est bien réel. Chaque jour où l’on retarde une réforme, où l’on renonce à une présence, où l’on cède du terrain, on le paie au prix fort, en confiance ou bien encore en matière de cohésion.
Ce que l’insécurité détruit
L’insécurité abîme le tissu social et isole. Elle pousse aussi les citoyens à se replier sur eux-mêmes. Elle fait fuir les talents, les commerces et les familles. Elle transforme des quartiers entiers en zones d’angoisse, où l’économie légale ne circule plus, où l’école décroche, et où, pas à pas, l’État recule.
Et pendant ce temps, les frais s’accumulent : réparations, prises en charge médicales, investigations des forces de l’ordre, arrêts de travail, indemnisations, procédures judiciaires… L’insécurité n’est pas qu’un fait de société. C’est une saignée budgétaire.
Des milliards gaspillés… faute d’avoir investi à temps
Un commissariat laissé à l’abandon, ce sont des conditions de travail que peu de salariés du secteur privé accepteraient. Une justice saturée, ce sont des procès trop tardifs et des erreurs de procédure qui, parfois, conduisent à la libération anticipée de détenus. Une prévention ignorée, ce sont des mineurs qui basculent, alors que beaucoup pourraient être rattrapés. Et chaque manquement initial engendre ensuite une réponse plus lourde, plus coûteuse, plus difficile.
Ce que l’on ne finance pas en amont — éducation, accompagnement, psychiatrie, encadrement — on le paiera plus tard : plus de prisons, plus de magistrats, des dispositifs d’urgence, etc. L’État le sait, mais il regarde ailleurs.
Le coût psychologique est collectif
Chaque agression impunie, chaque victime ignorée, chaque zone laissée à la loi du plus fort sape la confiance. Et quand la confiance disparaît, c’est tout le pacte républicain qui vacille. Le citoyen n’y croit plus. Il se protège seul, se replie et se radicalise, parfois. Et dans cette fragmentation, c’est la nation qui s’endette, en laissant filer une cohésion sociale si importante pour la croissance d’un pays.
Moins d’autorité = plus d’instabilité économique
Un territoire instable n’attire pas les investissements. Un pays jugé dangereux voit son tourisme chuter, ses assurances grimper, son tissu productif ralentir. Le lien est direct et sans concession. L’insécurité plombe l’économie. Et le cercle devient vicieux : moins de ressources → moins de moyens → plus de violence → encore moins d’attractivité.
L’inaction n’est pas neutre. Elle est ruineuse.
On pense éviter des polémiques en ne bougeant pas. Mais l’immobilisme a un prix, lui aussi. Un prix que paient les classes moyennes, les communes oubliées, les victimes sans nom. Ne pas agir, c’est choisir. Choisir d’abandonner. Et cet abandon, la nation entière finit par le payer.
Cet article est issu des réflexions développées dans mon livre Insécurité en France : On n’est pas sorti de l’auberge !, disponible en librairie et sur les plateformes en ligne. Un ouvrage pour comprendre en profondeur les racines, les mutations et les enjeux de l’insécurité aujourd’hui.