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Iran : l’équilibre fragile des mollahs entre répression et survie

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Vue de Téhéran, Iran

Depuis plus de quatre décennies, l’Iran vit enfermé dans une mécanique de pouvoir singulière, où la foi et le contrôle s’entrelacent au cœur de l’État. Un régime né d’une révolution, pétri de contradictions, qui vacille aujourd’hui sous le poids de ses propres excès.

Au sommet, un homme, il y a le Guide suprême Ali Khamenei. Une figure à la fois religieuse et politique qui concentre entre ses mains l’essentiel du pouvoir. Rien ne lui échappe : ni le gouvernement, ni le Parlement, ni même la justice ou les forces armées. Chaque décision passe par ce filtre d’autorité ultime.

Sous cette couche visible, un système de verrouillage minutieux maintient l’ordre établi. Le Conseil des Gardiens, bras juridique du régime, filtre les lois et surveille les élections, écartant sans état d’âme les candidatures jugées « inappropriées ». Derrière eux, les Gardiens de la Révolution et la milice Basij quadrillent le pays. Ils ne se contentent pas d’imposer la loi : ils la protègent, la défendent, et parfois l’écrasent sur les corps des opposants.

Une répression méthodique et implacable

Au fil des ans, la répression est devenue une mécanique froide. Les libertés publiques, quand elles existent encore, sont réduites à l’état de vestiges. Les arrestations arbitraires se succèdent. Les salles d’interrogatoire deviennent des chambres de souffrance. Les exécutions massives plus de 1 000 en 2024 rappellent au peuple ce qu’il en coûte de défier le pouvoir.

Tout est sous contrôle. Ou presque.

Car malgré la chape de plomb, la colère est bien présente. Depuis plusieurs année, une tension diffuse traverse la société iranienne. Les jeunes, les femmes, les travailleurs, même les élites économiques expriment tous, à leur manière, un malaise croissant face à un régime qui semble figé dans un autre temps.

L’équation diplomatique de la survie

À l’extérieur, les mollahs manœuvrent avec la même rigueur qu’en interne. L’idéologie reste la colonne vertébrale, mais le pragmatisme guide les gestes du quotidien. Le régime joue la carte du calcul permanent. Parfois provocateur, parfois conciliant, toujours focalisé sur un objectif clair : rester debout. Survivre, coûte que coûte.

L’Iran négocie, menace, s’isole, puis revient à la table des discussions. Un jeu d’équilibriste éprouvant, rendu plus complexe encore par les sanctions, l’isolement international et les alliances changeantes du Moyen-Orient. Mais jusqu’ici, le régime a toujours su éviter l’effondrement.

L’ébranlement intérieur

L’année 2022 a marqué un tournant. La mort de Mahsa Amini, jeune femme arrêtée pour un voile jugé mal porté, a enflammé le pays. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues. La répression fut brutale, mais quelque chose a changé. Cette fois, la contestation a gagné toutes les strates sociales, de la rue aux réseaux sociaux, des provinces aux grandes villes.

Le 13 juin dernier, l’opération Rising Lion lancée par Israël va sans doute d’une manière ou d’une autre amplifier cette fracture.

L’Iran des mollahs n’est plus ce bloc monolithique qu’il fut. Derrière les apparences de stabilité, les fissures s’élargissent. L’autoritarisme, jadis incontesté, vacille. Les certitudes d’hier deviennent les incertitudes d’aujourd’hui.

Reste une question, lancinante, que nul ne peut encore trancher : combien de temps ce fragile édifice tiendra-t-il sous la pression de sa propre rigidité ?

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