Né dans un camp de réfugiés, devenu chef politique d’un mouvement central du conflit israélo-palestinien, Ismaïl Haniyeh a incarné à la fois la résilience et la radicalisation. De Gaza à Téhéran, son parcours a épousé toutes les évolutions du Hamas, entre pragmatisme affiché et actions militaires retentissantes.
Une enfance marquée par l’exil
Ismaïl Abdel Salam Ahmed Haniyeh naît le 29 janvier 1963 dans le camp d’Al-Shati, dans la bande de Gaza. Sa famille, originaire d’un village proche de Majdal (aujourd’hui Ashkelon), a été déplacée lors de la première guerre israélo-arabe en 1948.
Après des études secondaires à Gaza, Haniyeh obtient en 1987 un diplôme de littérature arabe à l’université islamique de Gaza. C’est durant cette période qu’il s’immerge dans les milieux islamiques militants, devenant rapidement un proche des futurs fondateurs du Hamas.
L’ascension rapide dans les rangs du Hamas
Avec la naissance officielle du Hamas en 1987, Haniyeh s’engage pleinement dans le mouvement. Son militantisme lui vaut plusieurs emprisonnements pendant la première Intifada. En 1992, il est parmi les centaines de cadres du Hamas expulsés au sud du Liban, un épisode marquant qui renforce son engagement.
De retour à Gaza, il devient le chef de cabinet du cheikh Ahmed Yassine, figure emblématique du Hamas. Cette proximité avec le fondateur du mouvement propulse Haniyeh au cœur des décisions stratégiques internes.
Premier ministre de Gaza et figure politique majeure
En 2006, à la faveur de la victoire électorale du Hamas, Ismaïl Haniyeh est nommé Premier ministre de l’Autorité palestinienne. Son mandat est rapidement plombé par la rivalité sanglante avec le Fatah. En 2007, après des combats fratricides, le Hamas prend le contrôle exclusif de la bande de Gaza.
Haniyeh dirige alors de facto l’administration locale, tout en consolidant son rôle sur la scène internationale. En 2017, il succède à Khaled Mechaal à la tête du bureau politique du Hamas, élargissant son influence au-delà de Gaza.
Un leadership pragmatique mais contesté
Ismaïl Haniyeh est souvent décrit comme un pragmatique, tentant de conjuguer l’idéologie du Hamas avec les réalités économiques et diplomatiques. Il prône parfois des trêves avec Israël ou se montre ouvert à des négociations indirectes.
Mais cette image est régulièrement écornée par les attaques militaires initiées depuis Gaza, notamment les tirs de roquettes contre des civils israéliens. Son pragmatisme apparent se heurte aux réalités d’un mouvement profondément ancré dans la lutte armée.
L’attaque du 7 octobre 2023 : un tournant
Le 7 octobre 2023, sous la direction du Hamas, une attaque d’une ampleur sans précédent est lancée contre Israël. Bien que Haniyeh ne réside plus à Gaza, ses interventions publiques soutiennent pleinement cette opération.
Cet événement accroît son aura auprès des partisans du Hamas mais renforce aussi les critiques internationales à son encontre, l’accusant d’attiser un cycle de violence sans fin.
Une fin brutale à Téhéran
Le 31 juillet 2024, Ismaïl Haniyeh est assassiné à Téhéran, où il assistait à l’investiture du président iranien Massoud Pezechkian. Victime d’une frappe ciblée sur sa résidence, il trouve la mort avec son garde du corps.
Bien que l’opération soit attribuée à Israël, les circonstances exactes restent floues. Sa disparition provoque des réactions ambivalentes : martyr pour certains, obstacle écarté pour d’autres, elle illustre la complexité de son héritage politique.